Donner et recevoir
Un jour, peu après mon arrivée au Wat Pa Pong, j'étais assis avec un groupe de moines et de novices, lorsqu'un autre laïc occidental, que j'appellerai Barry, vint offrir au moine le plus aîné un cadeau joliment emballé. Le moine reçut le présent, le mit de côté et reprit la conversation. Je voyais bien que Barry était déçu. C'était un homme généreux et il aimait se rendre dans la ville voisine pour acheter des cadeaux pour les membres du Sangha. Plus tard, il partagea avec moi sa peine face au manque de gratitude du moine.
Le lendemain, le moine me dit que, selon lui, il avait donné à Barry l'occasion de gagner du mérite. Il n'est pas approprié pour un moine d'ouvrir un cadeau devant le donateur et d'exprimer sa gratitude, car cela rendrait son geste trop personnel et mondain. Le moine exprime son appréciation, anumodanā, pour le mérite acquis. Il ne remercie pas pour un beau présent.
Les paroles de Barry, ses manières et ses attentes évidentes lorsqu'il offrait ses cadeaux faisaient douter de nombreuses personnes au Wat Pa Pong de l'importance du mérite qu'il acquérait réellement. J'ai appris que le mérite est le nom donné aux actions qui aident à purifier l'esprit des souillures mentales. Quelle que soit la générosité d'une offrande, le désir d'une récompense, même de la gratitude ou des louanges, réduit le mérite. En ce qui concerne les moines, s’ils considèrent la générosité des donateurs laïcs comme allant de soi, utilisent leurs offrandes sans attention ni appréciation, c'est en effet un mauvais kamma. C’est un enseignement qui est resté gravé dans ma mémoire : nous pouvons donner en donnant et nous pouvons donner en recevant. Ni l'un ni l'autre ne sont faciles à réaliser, mais abandonner ce qui nous entraîne vers le bas et cultiver ce qui nous élève est le chemin du bonheur.