Le fondement physique de la pratique du Dhamma

 


La pratique du Dhamma est un entraînement de l'esprit. Mais elle peut être inutilement frustrante si nous négligeons le fondement physique. Nous devons accorder une attention particulière à la manière dont nous abordons les questions de l'alimentation, du sommeil et de l'exercice. Aujourd'hui, je parlerai de l'alimentation. 

Le Bouddha n'a pas imposé de régime particulier, mais il a insisté sur le fait que a) nous mangions avec modération, en nous arrêtant avant d'être complètement rassasiés, b) nous évitions les aliments nocifs pour le corps, c) nous mangions en reconnaissant que la satisfaction des besoins du corps prévaut sur le plaisir que procure la nourriture. 

En d'autres termes, nous devons manger pour vivre, et non vivre pour manger. 

Il est utile pour la méditation de ne pas dîner trop copieusement et de prendre son repas principal dans la journée. Le grignotage offre un répit temporaire au stress, mais pas de véritable libération. C'est une distraction tentante lorsque la vie semble écrasante, mais c'est toujours un pas en arrière. Au mieux, les plaisirs sensoriels bénins doivent être considérés comme un dernier recours face au stress, et non comme une réaction automatique. Nous devons lentement augmenter notre capacité à supporter ce qui est désagréable. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrons identifier tous les facteurs qui y contribuent et les traiter de manière judicieuse. Il est utile d'observer que le pire aspect de toute expérience désagréable est l'envie d'y mettre fin.

Certaines personnes sont moins prises par le plaisir gustatif que par le besoin d’ingérer quelque chose de solide. Ce besoin n'est pas dû à une véritable faim. Elles ressentent un vide profond à l'intérieur d'elles-mêmes et espèrent, comme par magie, le combler par des moyens physiques. En réalité, seul le Dhamma peut faire disparaître ce vide lugubre.

Ajahn Jayasāro
08/10/24