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Affichage des articles du octobre, 2024

Samādi mène à un esprit clair

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  Dans le Buddhadhamma, la pratique du Dhamma est expliquée davantage en termes de prévention des problèmes que de leur résolution. Le Bouddha a enseigné que sans développer samādhi, les obstacles mentaux nous empêcheront toujours de percevoir la véritable nature de notre vie et du monde. Grâce au samādhi, nous pouvons nous accorder avec la façon dont les choses sont. Plutôt que d'agir en fonction d'un amalgame de croyances et d'hypothèses, de logique et d'émotions, nos actions peuvent être ancrées dans une conscience authentique de notre propre bien-être et bonheur, et de ceux des autres. “Bhikkhus, supposez qu'il y ait une mare d'eau trouble, turbide et boueuse. Une personne ayant une bonne vue et se tenant sur la rive ne pourrait pas voir les coquillages, le gravier et les cailloux, ainsi que les bancs de poissons nageant et se reposant… De même, il est impossible pour un bhikkhu dont l'esprit est troublé de savoir ce qui lui est bénéfique, ce qui est bén

Transformer ses habitudes

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Il y a plus de quarante ans, aux débuts de mon apprentissage monastique, j'ai été inspiré par l'attitude de l'un des moines aînés occidentaux. Peu importait ses aptitudes pour certaines tâches, il persévérait jusqu'à ce qu'il réussisse. Bien que n'étant pas naturellement doué pour les langues, il s'était appliqué avec tant de zèle à apprendre le thaï, qu'il avait fini par donner des enseignements aux villageois locaux sur le Dhamma dont Ajahn Chah lui-même avait fait l’éloge. Ce moine avait une formation scientifique. Il était perçu comme étant froid et son discours pouvait parfois être assez brutal et blessant. Les commentaires qu’il avait reçus à ce sujet l'avaient décidé à se consacrer à la méditation mettā. J'étais absent cette année-là, mais lors d'une brève visite, j'avais été consterné par les nouvelles manières de ce moine. Il avait soudainement développé une façon de parler et de se conduire affichant un faux sourire qui n'av

Les pièges de la méditation

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  À mesure que la pratique de la méditation se développe, les méditants peuvent éprouver des perceptions inhabituelles de diverses natures. Dans la méditation sur la respiration, par exemple, celle-ci peut sembler disparaître complètement. Avant cela, les méditants peuvent être confrontés à des images mentales ou à des sons très intenses. La variété des distorsions perceptives est considérable. Les erreurs les plus courantes commises par les méditants à l'égard de ces phénomènes sont la fascination, la peur et le doute. Dans le cas des méditants qui recherchent une expérience de pointe particulière pour valider leurs efforts, la fascination est le principal danger. Les méditants qui s'adonnent à de telles expériences en deviennent obsédés et se sentent déçus et démotivés lorsqu'ils ne parviennent pas à y accéder. Leur pratique s'en trouve compromise. Le deuxième piège est la peur : certains méditants ressentent la perte soudaine de leur perception habituelle d'eux-m

Pavarana, invitation

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  Ce jeudi, le Vassa (la Retraite des Pluies annuelle de trois mois) se termine. Ce jour est marqué dans les monastères par une cérémonie appelée Mahā Pavāraṇā ('Grande Invitation'). Durant de cette cérémonie, chaque moine invite formellement tous les membres du Sangha, quelle que soit leur ancienneté, à se sentir libres de le réprimander pour tout acte corporel et toute parole inappropriés, intentionnels ou non, qu'ils auraient pu commettre. L'importance accordée à cette cérémonie témoigne de la grande importance que le Bouddha accordait à la réprimande mutuelle comme moyen de maintenir des communautés monastiques saines et harmonieuses. En effet, être ouvert à la critique constructive est l'une des vertus les plus essentielles pour toute personne, de la communauté monastique ou laïque, qui souhaite faire de réels progrès dans la pratique du Dhamma. Pour le Sangha, le pavāraṇā n'est pas limité à des moments particuliers. La cérémonie à la fin du Vassa est simpl

Les meilleurs leaders

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  Enfant, comme la plupart des Anglais de ma génération, je suis tombé amoureux du football. Je me souviens qu'en 1970, après d'intenses négociations, mon père  accepta de me réveiller au milieu de la nuit pour regarder les matchs de l'équipe d'Angleterre lors de la Coupe du monde, retransmis en direct (par satellite !) depuis le Mexique. Quelques années plus tard, deux joueurs se disputaient la place de gardien de but dans l'équipe que je supportais. L'un était un personnage flamboyant qui faisait des arrêts époustouflants à chaque match, plongeant à droite et à gauche d'une manière des plus excitantes. L'autre était plutôt terne. Il ne faisait que rarement les arrêts époustouflants de son rival. Les arrêts qu'il faisait semblaient satisfaisants mais inélégants et banals. Je ne comprenais pas pourquoi c'était ce dernier qui était devenu le gardien de but de l'équipe. Plus tard, alors que je jouais moi-même comme ailier dans une équipe locale

Le fondement physique de la pratique du Dhamma

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  La pratique du Dhamma est un entraînement de l'esprit. Mais elle peut être inutilement frustrante si nous négligeons le fondement physique. Nous devons accorder une attention particulière à la manière dont nous abordons les questions de l'alimentation, du sommeil et de l'exercice. Aujourd'hui, je parlerai de l'alimentation.  Le Bouddha n'a pas imposé de régime particulier, mais il a insisté sur le fait que a) nous mangions avec modération, en nous arrêtant avant d'être complètement rassasiés, b) nous évitions les aliments nocifs pour le corps, c) nous mangions en reconnaissant que la satisfaction des besoins du corps prévaut sur le plaisir que procure la nourriture.  En d'autres termes, nous devons manger pour vivre, et non vivre pour manger.  Il est utile pour la méditation de ne pas dîner trop copieusement et de prendre son repas principal dans la journée. Le grignotage offre un répit temporaire au stress, mais pas de véritable libération. C'est

Samsara est comme du velcro

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  Pour reprendre une analogie d'Ajahn Chah, s'attacher aux mauvaises choses, c'est comme saisir la tête d'un serpent venimeux. Il vous mord immédiatement. Mais si vous vous attachez aux bonnes choses, c'est comme si vous vous saisissiez de la queue du serpent. Le serpent ne peut pas vous mordre tout de suite. Cependant, si vous ne le lâchez pas, il vous mordra bientôt, et tout aussi sauvagement. C'est la nature 'dukkha' du monde. Tout, bon ou mauvais, est prêt à vous mordre dès que vous perdez la pleine conscience. Le Bouddha enseigne que tous les phénomènes conditionnés sont dukkha, non pas parce qu'on ne peut pas trouver de plaisir ou de bonheur dans le monde, mais parce qu'on peut s'attacher à tous les phénomènes, et que l'attachement est souffrance. Autre analogie : samsara est comme du velcro. Tous les phénomènes conditionnés sont des bouclettes. L'esprit non éveillé est plein de crochets. Tant qu'il y a des crochets dans l&#

Ouvrez-vous à la bonté

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  Le défenseur d'une équipe de football fait parfois un sprint de cinquante mètres pour étreindre l'avant-centre qui vient de marquer un but. À ce moment-là, le défenseur ressent muditā, une joie solidaire ou appréciative. Il agit ainsi parce qu'il se considère comme faisant partie de la même équipe que l'avant-centre. Le succès de son coéquipier et son propre succès ne font qu'un. De la même manière, nous considérer comme des membres de l'équipe humaine essayant de faire le bien dans ce monde, est un moyen habile de déjouer la jalousie que nous pouvons ressentir en présence de ceux, en particulier nos pairs, qui nous sont supérieurs d'une manière ou d'une autre, qui ont des capacités, un bonheur, un succès auxquels nous aspirons.  Mais la culture de muditā présente un autre avantage. Elle permet également de dissoudre le sentiment de morosité, la tristesse du cœur, le ressentiment sans objet et la déception qui assaillent tant de gens de nos jours. Ouvr

Prendre le temps

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  C’est compréhensible que les gens posent quelquefois des questions sur les raccourcis. En même temps, il est important de reconnaître que le désir d'aller plus vite vous ralentit généralement. Il vous empêche de vous donner de tout cœur à la pratique. Tant que vous vous dites « Il y a peut-être un autre moyen plus facile », vous ne donnez pas le meilleur de vous-même. Le plus souvent, le désir d'écourter les choses résulte de l'impatience, et l'impatience n'est pas un bon maître. Il est vrai que dans les domaines techniques les raccourcis peuvent faire gagner du temps précieux et de l'argent. Mais la pratique bouddhiste n'est pas avant tout une affaire de technique. La technique n'est pas aussi importante que la qualité de l'esprit de celui qui l'applique. Les méditants doivent être disposés à mettre en œuvre les fondements et les conditions optimales pour une application efficace des techniques de méditation. En d'autres termes, le temps n