Reconnaître notre progrès dans le Dhamma


Jīvaka Komārabhacca était le médecin du Bouddha. Les textes du Canon pāli racontent que peu après sa naissance, sa mère, une courtisane, l'abandonna dans une décharge. Plus tard ce même jour, le prince Abhaya de Magadha passa près de la décharge et, remarquant quelque chose d'inhabituel, ordonna à l'un de ses serviteurs d’enquêter.

Informé que le paquet suspect était un bébé, il demanda s'il était encore en vie et reçut une réponse affirmative. Le prince Abhaya décida alors d’élever lui-même l’enfant et lui donna le nom de Jīvaka, « celui qui est vivant ».

Jīvaka étudia ensuite la médecine à la grande université de Taxila sous la direction d'un professeur appelé Ātreya. À la fin de ses études, Ātreya lui fit passer un test. Il lui demanda de parcourir la campagne autour de l'université et de recueillir des échantillons de toutes les plantes non médicinales. Jīvaka revint au crépuscule les mains vides et déçu. Mais Atreya était rayonnant. Le fait que Jīvaka n’ait trouvé aucune plante sans la moindre propriété curative signifiait qu'il avait réussi le test et non pas échoué.

Pour un œil averti, toute situation, quelles que soient ses caractéristiques particulières, possède des vertus médicinales. C'est dans la capacité à reconnaître et à utiliser ces qualités que nous pouvons voir nos progrès dans le Dhamma. Certains cultivent la patience, d'autres l'humilité, d'autres la bienveillance, d'autres le calme et d'autres encore la sagesse. Rien n’est une perte de temps.

Ajahn Jayasāro 
03/09/24