Prendre conscience de la nature fragile, insubstantielle et superficielle de l'existence non éveillée


 

Nos occupations frénétiques émoussent nos facultés. Nous devenons émotionnellement affectés par de nombreuses choses qui sont sans importance, et nous restons insensibles aux choses qui sont très importantes.

Le Bouddha comparait les facultés des êtres humains à celles des chevaux de pure race. Il expliquait que les meilleurs chevaux courent sous la menace du fouet, les moins bons courent dès qu'ils sentent le fouet toucher leur peau, les chevaux de niveau inférieur ne courent que lorsqu'ils sentent la douleur du fouet, et les plus médiocres ne courent que lorsque le fouet les transperce jusqu'à l'os.

Pour les bouddhistes, la réalité de la souffrance et de la mort humaines est le fouet qui peut leur inspirer un sentiment d'urgence à pratiquer sincèrement pour atteindre la libération. Pour beaucoup, le changement ne se produit que lorsqu'ils sont eux-mêmes affligés par la souffrance ou confrontés à une mort imminente. D'autres sont tirés de leur insouciance par la souffrance ou la mort d'un être cher. D'autres encore, plus sensibles, sont touchés par l'expérience personnelle de la souffrance et de la mort humaines. Les plus matures, comme les chevaux qui sont mus par l'ombre même du fouet, prennent conscience de la nature fragile, insubstantielle et superficielle de l'existence non éveillée, simplement en entendant parler en termes généraux de la souffrance et de la mort humaines. Pour eux, plus rien n’a de sens, sauf la pratique du Dhamma.

Ajahn Jayasāro
14/09/24