Révéler nos propres fautes et celles des autres



Une personne révèle les fautes des autres sans qu'on le lui demande, et encore plus si on le lui demande directement. Elle parle en détail, sans omission, souvent en exagérant pour faire de l'effet, présentant les fautes des autres sans contexte ni compassion. Elle mélange ce qu'elle sait directement avec des ouï-dire. Elle peut prétendre se sentir soucieuse, mais se réjouit intérieurement que les fautes d'autrui soient exposées au grand jour.

Une autre personne évite, dans la mesure du possible, de parler des fautes des autres. Elle reconnaît le plaisir pervers que peut procurer un tel discours et le fuit comme un poison. Interrogée directement et n'ayant pas d'autre choix, elle parle de manière aussi concise que possible, s'en tenant strictement à ce qu'elle sait être vrai et à ce qu'il est nécessaire de mentionner. Elle évoque d'éventuelles circonstances atténuantes.

Une personne ne dévoile pas ses propres défauts lorsqu'elle est interrogée directement et encore moins lorsqu'elle ne l’est pas. Lorsqu'elle est confrontée, elle ment ou élude les questions, elle se dit offensée par celles-ci ou pose des contre-questions acerbes telles que "Qui es-tu pour me poser des questions à ce sujet, alors que tu es toi-même ...." ? Si elle n'a pas le choix, elle commet des omissions et trouve des excuses, en élaborant son récit de manière à paraître aussi irréprochable que possible.

Une autre personne est prête à révéler ses propres fautes, même si on ne le lui demande pas. Si on le lui demande et qu'elle le juge nécessaire, utile ou approprié, elle parle de ses fautes avec franchise et humilité, sans omissions ni excuses. Son engagement envers la vérité telle qu'elle la connaît est plus fort que son besoin de protéger une certaine image d’elle-même.

Ajahn Jayasāro
20/08/24