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Affichage des articles du août, 2024

Saine ou malsaine : la motivation de la pratique

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La motivation est un phénomène impermanent et conditionné. La motivation pour la pratique fait partie de la pratique. En effet, tout ce qui se passe dans l'esprit doit être considéré comme étant inclus dans la pratique. La force de notre motivation doit être suivie de près, car elle fluctue. Est-elle à un niveau optimal ou abordons-nous la pratique de manière mécanique ou superficielle ? Surtout, nous devons vérifier si notre motivation actuelle est saine ou malsaine. La motivation saine est la racine de tout progrès dans le Dhamma. La motivation malsaine est à l'origine de toute stagnation et de tout déclin. L'Effort Juste, l’Attention Juste, la Concentration Juste ne sont possibles qu'avec une motivation saine. La motivation saine (Dhammachanda) est axée sur la qualité du processus, sur ce que nous faisons en ce moment, sur les causes et les conditions que nous créons. La motivation malsaine est axée sur l'avenir, sur les résultats souhaités de la pratique. Elle e

Être entièrement inoffensif ne peut être qu'un idéal à suivre

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  J'ai passé ma deuxième retraite des Pluies en tant que moine à Wat Pah Nanachat à Ubon. Une nuit, après une forte pluie, je me suis réveillé et j'ai découvert que mon kuti avait été envahi par des fourmis. À la lumière de ma torche, j'ai constaté que mon corps était couvert de centaines de fourmis. Heureusement, il ne s'agissait pas des vicieuses fourmis piqueuses ‘motlin’, elles étaient bien plus petites et se contentaient de courir à l'aveuglette, mais la sensation de démangeaison était intense. J'ai tâtonné pour allumer ma lampe à pétrole, puis j'ai utilisé le balai souple et doux pour enlever délicatement les fourmis de mon corps. Cela a pris beaucoup de temps. J'ai fait de mon mieux pour ignorer les démangeaisons et sauver autant de vies que possible. Néanmoins, beaucoup de fourmis sont mortes. Ce fut une bonne leçon pour moi : même pour un moine bouddhiste, être entièrement inoffensif ne peut être qu'un idéal à suivre. La perfection de sīla n

Révéler nos propres fautes et celles des autres

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Une personne révèle les fautes des autres sans qu'on le lui demande, et encore plus si on le lui demande directement. Elle parle en détail, sans omission, souvent en exagérant pour faire de l'effet, présentant les fautes des autres sans contexte ni compassion. Elle mélange ce qu'elle sait directement avec des ouï-dire. Elle peut prétendre se sentir soucieuse, mais se réjouit intérieurement que les fautes d'autrui soient exposées au grand jour. Une autre personne évite, dans la mesure du possible, de parler des fautes des autres. Elle reconnaît le plaisir pervers que peut procurer un tel discours et le fuit comme un poison. Interrogée directement et n'ayant pas d'autre choix, elle parle de manière aussi concise que possible, s'en tenant strictement à ce qu'elle sait être vrai et à ce qu'il est nécessaire de mentionner. Elle évoque d'éventuelles circonstances atténuantes. Une personne ne dévoile pas ses propres défauts lorsqu'elle est interrogé

La peur du rejet nous hante

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  Tant de besoins cherchent à être satisfaits. Le besoin d'être reconnu, d'être accepté, approuvé ; d'être aimé, d'être respecté, ou peut-être même d'être craint ; le besoin d'être perçu comme attirant, intelligent, puissant ; d'être perçu comme bon à quelque chose, ou simplement comme une bonne personne. Tous ces besoins portent en eux l'ombre de la peur. La peur du rejet nous hante, la peur de la désapprobation, de l'aversion, du manque d'amour ; la peur d'être perçu comme peu attrayant, d'avoir l'air stupide, faible ou méchant. Ou, peut-être le pire de tout, la peur d'être invisible, d'être jugé indigne de toute forme d'attention. Jusqu'à ce que l'on réalise l'Entrée dans le Courant et que l'on abandonne la vue erronée de notre propre identité (sakkāyadiṭṭhi), ces désirs et ces peurs auront toujours tendance à être présents dans une certaine mesure. Mais en pratiquant l'Octuple Sentier, l'habitud

Attention aux conclusions hâtives

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Nous entendons souvent le conseil suivant lequel il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. Mais ce n'est pas si facile. J'ai observé que les personnes intelligentes peuvent être particulièrement sujettes à ce piège parce que leurs conclusions prématurées sont assez souvent correctes pour leur permettre d'ignorer les fois où elles ne le sont pas. J'ai eu la chance, dans ma propre vie, que les occasions où j'ai découvert à quel point j'étais dans l'erreur aient tendance à se produire à des moments mémorables. L'une de ces occasions s'est produite lors de ma première retraite de méditation, qui s'est déroulée dans une grande maison d'un petit village du sud de l'Angleterre. Nous dormions à quatre ou cinq par chambre. J’étais très impressionné par le méditant qui occupait le lit voisin du mien. Chaque jour, dans la salle de méditation, il restait assis, parfaitement immobile, le dos droit, du matin au soir. Il semblait avoir un samādhi tr

Les souillures mentales nous rendent stupides

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Le Vénérable Mahā Kaccāna était le disciple du Bouddha qui, selon lui, était le plus apte à expliquer de manière détaillée ses brefs enseignements. Vénérable Mahā Kaccanā est décrit dans les textes comme étant beau et gracieux. Néanmoins, peut-être dans ses dernières années, un jour qu'il descendait du Pic des Vautours, Vassakāra, le ministre de Magadha l'aperçut et s'exclama avec un certain mépris : 'il ressemble à un singe'. Le commentaire dans le Majjhima Nikāya nous informe que l'affaire parvint au Bouddha. Celui-ci déclara que si Vassakāra ne demandait pas pardon au Vénérable Maha Kaccāna, il renaîtrait dans sa prochaine vie sous la forme d'un singe dans la Bambouseraie de Rājagaha. Vassakāra en fut informé, mais il était trop fier pour envisager de demander pardon. Au lieu de cela, il prépara l'avenir en faisant planter des arbres dans la bambouseraie et en mettant en place un gardien pour protéger la faune et la flore qui s'y trouvaient. Les s

La conscience de la perception

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Lorsqu'il était jeune moine, Ajahn Chah se trouvait dans une impasse dans sa méditation. Il se percevait encore et encore debout sur un pont à moitié détruit, sans pouvoir avancer. Il décida de demander conseil à Ajahn Wang, un disciple d'Ajahn Mun. Ajahn Wang lui dit que les perceptions qui peuvent se produire pendant la méditation sont innombrables. Lui-même avait un jour fait l'expérience de son corps qui s’enfonçait dans le sol, puis s'élevait dans les airs et explosait. Il dit que cela semblait tout à fait réel. Il pouvait voir, de façon très nette, ses intestins suspendus aux branches des arbres voisins. Ajahn Wang dit : "Quelle que soit la forme que cela prend, maintenez votre position. Soyez conscient de la perception en tant que perception. Si vous faites cela, le problème se résoudra. La perception changera d'elle-même, sans qu'il soit nécessaire de recourir à la force. Soyez simplement conscient de la nature de la perception et de l'état de v

Tout est correct

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C'était en décembre 1980. Ajahn Sumedho retournait en Thaïlande pour la première fois depuis qu'il avait quitté Ubon pour fonder un monastère de la forêt en Angleterre. Nous étions un grand groupe de moines occidentaux assis sous le kuti d'Ajahn Chah dans un froid glacial, nos minces robes ne faisaient pas le poids face au vent violent. Nous écoutions l'un des plus merveilleux discours sur le Dhamma donné par notre maître. À ma connaissance, aucun enregistrement n'a survécu à cet enseignement. Je n'en ai qu'un souvenir fragmentaire. Ce qui me reste à l'esprit, c'est l'impression que c'était merveilleux, plutôt que les détails des raisons pour lesquelles c'était merveilleux (un phénomène courant, je crois) Heureusement, je me souviens de ce que je considère comme le cœur de l'enseignement d'Ajahn Chah ce soir-là. Il dit que tout est correct (ถูกต้อง) ; le seul problème, ce qui est incorrect, ce sont nos pensées. Il expliqua que tou

Les quatre Iddhipādas

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Les quatre Iddhipādas sont des qualités interconnectées, essentielles à la réussite de toute entreprise, qu'elle soit matérielle ou spirituelle. La première qualité est chanda. Elle peut être traduite par zèle, enthousiasme, aspiration. Parfois, chanda apparaît naturellement et, dans ce cas, les gens le qualifient souvent de "passion". Dans sa forme mature, chanda se manifeste par un amour à la fois pour le but et pour les moyens d'atteindre ce but. Mais la passion peut varier au fil du temps. C'est pourquoi il est important de réfléchir en permanence de manière à réveiller un chanda affaibli et à le stabiliser lorsqu’il est déjà présent. Les réflexions les plus efficaces sont celles qui portent sur la valeur de l'objectif ou du processus et sur les inconvénients qu'il y aurait à en manquer. La deuxième qualité est viriya (l'effort). Lorsque chanda est présent, l'effort vient facilement. Il y a une volonté de supporter les difficultés et de faire