Nibbidā, le désenchantement

 


Parfois, nous nous remémorons une ancienne croyance à laquelle nous étions fermement attachés, en une personne, une relation ou une institution. Rétrospectivement, nous nous étonnons que cette croyance ait été si inconditionnelle. C’est comme si nous avions été ensorcelés.

De même, à mesure que notre compréhension des trois caractéristiques de l'existence s'approfondit, nous nous demandons à quel point nous croyions à la permanence, au sukha et au soi. Cela ressemble à une sorte d'enchantement. Cette vision plus claire suscite une émotion : nibbidā, un désenchantement corrélatif. En thaï, la traduction la plus courante de nibbidā est "s'ennuyer" ou "en avoir assez"; l'étudiant avancé du Dhamma est ennuyé par le samsāra.

Il va sans dire que nibbidā n'est pas le type habituel d'ennui, qui est toujours provoqué par un certain degré d'aversion. Il s'agit du manque d'intérêt à regarder un spectacle de magie une fois que l'on sait comment il se déroule. Vous étiez enchanté et vous ne l'êtes plus. Le désenchantement peut paraître une étape du chemin spirituel que l'on n'attend pas avec enthousiasme. Mais une vie sans enchantement n'est pas une vie sans joie. C'est une vie avec une joie différente, d’une meilleure qualité.

Ajahn Jayasāro 
22/06/24