La leçon du Vénérable Sariputta

 



À une occasion, le Vénérable Sāriputta fut faussement accusé de s’en être pris physiquement à un autre moine. Aussi absurde que soit cette accusation, le Bouddha ne la rejeta pas d'emblée. Il convoqua une réunion du Sangha, au cours de laquelle l'accusateur fut invité à répéter publiquement ses allégations, et le vénérable Sāriputta eut l'occasion d'y répondre. Sa réponse fut si éloquente et si puissante qu'elle fut connue sous le nom de "rugissement du lion".

Le vénérable Sāriputta ne fut ni blessé ni offensé par les accusations parce qu'il était incapable de les prendre personnellement :

"Tout comme, ô Seigneur, les gens jettent sur la terre des choses pures et impures, des excréments, de l'urine, des crachats, du pus et du sang, la terre n'en éprouve pas pour autant du dégoût, de la répulsion ou de la répugnance. De même, Seigneur, je vis avec un cœur qui est comme la terre, large, étendu et sans limites, sans hostilité ni malveillance. De même, Seigneur, qu’on lave dans l'eau ce qui est pur et ce qui est impur... de même, je vis avec un cœur qui est comme l'eau... De même que, Seigneur, le feu brûle les choses pures et impures... de même, je reste avec un cœur qui est comme le feu... De même que, Seigneur, le vent souffle sur les choses pures et impures... je demeure avec un cœur comme le vent."

Le Vénérable Sāriputta poursuivit en comparant le manque de fierté de son cœur à un enfant exclu, son bol à la main ; son manque d'agressivité à un taureau bien dressé auquel on aurait coupé les cornes. Ce n'est que s'il était attaché à son corps physique que la volonté de nuire apparaîtrait. Ce n'est pas le cas.
Le Bouddha dit au Vénérable Sāriputta : "Sāriputta, pardonne à cet homme stupide avant que sa tête n'explose en sept morceaux."


Ajahn Jayasāro
25/06/24