Articles

Affichage des articles du juin, 2024

La leçon du Vénérable Sariputta

Image
  À une occasion, le Vénérable Sāriputta fut faussement accusé de s’en être pris physiquement à un autre moine. Aussi absurde que soit cette accusation, le Bouddha ne la rejeta pas d'emblée. Il convoqua une réunion du Sangha, au cours de laquelle l'accusateur fut invité à répéter publiquement ses allégations, et le vénérable Sāriputta eut l'occasion d'y répondre. Sa réponse fut si éloquente et si puissante qu'elle fut connue sous le nom de "rugissement du lion". Le vénérable Sāriputta ne fut ni blessé ni offensé par les accusations parce qu'il était incapable de les prendre personnellement : "Tout comme, ô Seigneur, les gens jettent sur la terre des choses pures et impures, des excréments, de l'urine, des crachats, du pus et du sang, la terre n'en éprouve pas pour autant du dégoût, de la répulsion ou de la répugnance. De même, Seigneur, je vis avec un cœur qui est comme la terre, large, étendu et sans limites, sans hostilité ni malveillanc

Nibbidā, le désenchantement

Image
  Parfois, nous nous remémorons une ancienne croyance à laquelle nous étions fermement attachés, en une personne, une relation ou une institution. Rétrospectivement, nous nous étonnons que cette croyance ait été si inconditionnelle. C’est comme si nous avions été ensorcelés. De même, à mesure que notre compréhension des trois caractéristiques de l'existence s'approfondit, nous nous demandons à quel point nous croyions à la permanence, au sukha et au soi. Cela ressemble à une sorte d'enchantement. Cette vision plus claire suscite une émotion : nibbidā, un désenchantement corrélatif. En thaï, la traduction la plus courante de nibbidā est "s'ennuyer" ou "en avoir assez"; l'étudiant avancé du Dhamma est ennuyé par le samsāra. Il va sans dire que nibbidā n'est pas le type habituel d'ennui, qui est toujours provoqué par un certain degré d'aversion. Il s'agit du manque d'intérêt à regarder un spectacle de magie une fois que l'on

Le Réalisme Scientifique

Image
La croyance selon laquelle les phénomènes physiques mesurables sont en quelque sorte plus 'réels' que les phénomènes mentaux incommensurables est tellement omniprésente de nos jours qu’elle est rarement reconnue en tant que telle. Un grand nombre d’ouvrages de science populaire décrivent une quelconque expérience humaine et ajoutent ensuite une phrase telle que “ce qui se passe réellement dans ce cas” suivi d’un compte rendu des ondes cérébrales ou des hormones ou quelque chose de ce genre. Je ne prétends pas être un scientifique, mais une réflexion que j’ai tirée de mon éducation scientifique que je trouve très importante et précieuse est , “corrélation n’est pas causalité. ” B. Alan Wallace est un de mes auteurs favoris sur la façon dont la science peut devenir un système de croyances. Je vais citer ici son livre de 1989, 'Choosing Reality : A contemplative view of physics and the Mind’ (Science et bouddhisme : à chacun sa réalité) .  Il liste quelques prémices de base : 

Le grand défi de la pratique du Dhamma

Image
Chaque jour, où que nous soyons, avec qui que ce soit, notre vie est un flux de phénomènes physiques et mentaux : formes, sons, odeurs, goûts, sensations tactiles, pensées, perceptions et ressentis. C'est le monde réel : le monde de l'expérience directe. Il n'est pas le fruit du hasard et ne fait pas partie d'un plan divin. C'est la manifestation d'un flux de causes et de conditions d'une complexité inimaginable sans commencement. Sans la pleine conscience et la compréhension claire (sati-sampajaññā), un sentiment de propriété domine la conscience. Nous prenons tout personnellement : "Je" vois, "j'"entends, "je" sens, "je" goûte, "je" touche, "je" pense, "je" perçois, "je" ressens. Mais en présence de la pleine conscience et d'une compréhension claire, ce sens de la propriété disparaît. Il reste la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, la pensée, la percepti

Pourquoi méditer ? (3)

Image
Pourquoi méditer ? Parce que sans la pratique de la méditation, il n'est pas possible d'accéder durablement au plaisir non-sensuel (niramisasukha). "Et alors ?" pourrait-on objecter.  Voici pourquoi c'est important : (i) La qualité de l'expérience elle-même : ceux qui ont accès au plaisir non-sensuel par la méditation affirment qu'il est tellement supérieur au plaisir des sens que les comparaisons semblent ridicules. En tant que créatures profondément attachées à la recherche du plaisir, il est certainement logique de chercher à savoir si de telles assertions sont crédibles. Si c'est le cas, apprendre à méditer devrait susciter un intérêt considérable. (ii) Des effets bénéfiques qui changent la vie : l'esprit non éveillé entretient une relation dysfonctionnelle avec les plaisirs sensoriels. L'envie de plaisir peut facilement conduire à la douleur, à la déception, à l'obsession et à la dépendance. Elle peut également conduire à des comportem

Pourquoi méditer ? (2)

Image
Pourquoi méditer ? En fait, d'autres questions devraient précéder celle-ci. Pourquoi prendre refuge dans le Triple Joyau en premier lieu ? Si l'on a vraiment foi en la sagesse et la compassion du Bouddha, quel autre choix y a-t-il que de suivre la voie qu'il nous a révélée ? Le Bouddha a enseigné la meilleure façon de vivre notre vie en tant qu'êtres humains. Les enseignements sont un appel à l'action pas à l'inaction. À de nombreuses reprises, le Bouddha a dit que ce n'étaient pas les offrandes matérielles qui lui plaisaient, mais l'offrande de la pratique. Et comment est-il possible de faire cette offrande, en d'autres termes, comment est-il possible de pratiquer le Dhamma d'une manière transformatrice, sans faire d'efforts dans la méditation ? L'idée d'offrande est vitale. Il est réducteur de considérer la méditation uniquement sous l'angle de son propre cheminement spirituel. Prenez le temps de réfléchir à la chance que vous a

Pourquoi méditer ?

Image
Pourquoi méditer ? Il y a tellement de raisons. Trouver des raisons pour ne pas méditer serait beaucoup plus difficile. Alors aujourd’hui, je vous en donne juste une. Un flux constant d’états mentaux traverse l’esprit. Certains de ces états mentaux affligent l’esprit et sapent son bien-être fondamental. D’autres apportent de la paix, de la clarté et de la joie dans nos vies. Il est logique d’être proactif, de réduire les états mentaux négatifs et d’augmenter les positifs. Pour ce faire, nous devons apprendre à développer notre regard intérieur de manière systématique. Nous devons apprendre à identifier les états mentaux négatifs comme étant négatifs et les états mentaux positifs comme étant positifs. Nous devons apprendre à établir notre attention afin qu’elle empêche l’émergence d’états mentaux négatifs, ou à défaut, qu’elle nous permette de rapidement lâcher prise de ceux qui sont déjà présents. Nous devons apprendre à introduire des états mentaux positifs dans notre esprit et appren

Cultivons la perception de l'incertitude

Image
L'entraînement à la sagesse (pañña) ne peut être séparé de l'entraînement de sīla et de samãdhi. Ce “Triple Entraînement " permet une éducation complète et profonde de tous les aspects de notre vie. Mais, finalement, c'est la sagesse qui nous libère, car c'est le manque de sagesse qui nous emprisonne. Le point culminant de l'entraînement à la sagesse, et donc de l'ensemble du processus d'éducation bouddhiste, se trouve dans l'éveil direct et non conceptuel à la véritable nature de l'existence. Cet éveil est rendu possible par une compréhension profonde des trois caractéristiques principales de l'existence : anicca, dukkha, anattã. Ajahn Chah enseignait à ses disciples à préparer leur esprit aux niveaux les plus avancés de compréhension des trois caractéristiques en cultivant la perception de l'incertitude. Cette pratique nous ramène sans cesse à la nature de notre vie d'une manière immédiate et intelligente. La pratique commence par

Les habitudes et le caractère

Image
Le mot Thaï 'nisai'  (นิสัย) veut dire à la fois caractère et habitude. Il met en évidence une vérité importante : le caractère c’est les habitudes. Nous forgeons notre caractère par nos habitudes. Le caractère n’est pas acquis d’avance – il change selon la façon dont nous vivons notre vie. En pensant que le caractère est quelque chose de permanent, les gens se caractérisent souvent d’une certaine manière. Ils se définissent par rapport  à leurs habitudes. Quand leurs habitudes sont destructrices ou corruptrices, comme le sont la colère ou l’avidité, ils sont remplis de désespoir ou d’un dégoût de soi. Cependant, en observant de près, on voit une identification à des états mentaux de colère ou d’avidité puis leur mise en œuvre encore et encore, jusqu’au point où l'identification et la réaction se font de manière presque automatique. Il ne s’agit pas d’une expression de notre identité, mais d’habitudes profondément enracinées.   Notre esprit est comme un tableau blanc. Ce ne