Un aspect agréable de la vie monastique
Pendant de nombreuses années, j'étais le moine supérieur de Wat Pah Nanachat. Chaque matin de Wan Phra, vers 11 heures, je me rendais à la cuisine du monastère. C'est là que beaucoup de villageois âgés passaient la journée. En fin de matinée, certains lisaient, d'autres balayaient les feuilles. Certains mâchaient des noix de bétel, d'autres faisaient la sieste. Quelques-uns méditaient. Lorsqu'elles me voyaient approcher, les dames les plus âgées envoyaient l'un des hommes me chercher une chaise, et elles m'offraient le verre de jus de fruit fraîchement pressé qu'elles avaient préparé. Tout le monde abandonnait ce qu'il faisait et se rassemblait.
Il y avait un peu d'enseignement du Dhamma, mais c'était surtout un moment de conversation et de retrouvailles. Je leur racontais ce qui s'était passé au monastère au cours de la semaine écoulée ; ils me tenaient au courant de ce qui se passait dans leur monde. Je connaissais la plupart de ces personnes depuis mon ordination et l'atmosphère était chaleureuse et informelle. C'était un moment de convivialité que nous appréciions tous, c’était un contraste avec les protocoles de la salle du Dhamma.
Les villageois se comportaient toujours de manière impeccable avec les moines, mais ils nous considéraient comme des membres de leur famille élargie. Parfois, ils gloussaient avec indulgence au sujet du comportement ou de la personnalité d'un jeune moine. Il y avait même un peu de taquinerie. Un vieil homme disait par exemple : " Votre voix est si douce ! Ne pouvez-vous pas parler plus fort ? S'il vous plaît, ayez un peu de compassion pour les vieux." Tout le monde souriait. Et je répondais : "Quand vous aviez de bonnes oreilles, la musique était la seule chose que vous vouliez écouter. Ce n'est que maintenant que vos oreilles sont défaillantes que vous assistez aux enseignements du Dhamma. Pourquoi serait-ce ma faute ?” Tout le monde riait.
Avant de venir en Thaïlande, c'était un aspect de la vie monastique que je n'avais jamais imaginé. Cependant, au fil des ans, c'en devint l'un des aspects les plus agréables.
Ajahn Jayasāro
16/04/24