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Affichage des articles du 2024

Dirigeons notre attention judicieusement

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Certaines caractéristiques des choses dont nous faisons l'expérience par l'intermédiaire des sens sont plaisantes et nous attirent. Une attention fréquente et imprudente (ayoniso manasikāra) à ces perceptions agréables et attrayantes conduit à l'émergence d'un désir sensuel dans notre esprit, ainsi qu'à l'amplification et à l’accroissement de ce qui est déjà présent. Certaines caractéristiques des choses dont nous faisons l'expérience par l'intermédiaire des sens nous déplaisent et nous repoussent. Une attention fréquente et imprudente à ces perceptions déplaisantes et répulsives conduit à l’émergence de l’aversion dans notre esprit, ainsi qu'à l'amplification et à l’accroissement de ce qui est déjà présent. Il arrive que l'énergie mentale soit faible, qu'il y ait de la léthargie, des bâillements et de la fatigue après les repas. L'attention fréquente et imprudente que l'on y porte conduit à l’émergence d'un esprit terne et so

Les pensées à la porte de l’esprit

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  Les pensées peuvent être divisées en deux catégories : les pensées initiales et les pensées proliférantes. Les pensées initiales apparaissent soudainement dans l'esprit, généralement parce qu'une impression sensorielle a provoqué un souvenir. Ces pensées sont inoffensives en elles-mêmes. Puisqu'elles surgissent dans l'esprit sans intention, elles ne créent pas de nouveau kamma. Cependant, lorsque l'esprit manque de la protection de la pleine conscience, ces pensées agissent comme des déclencheurs de pensées proliférantes et dès lors, elles deviennent problématiques.  Dans ce cas, l'esprit s'accroche à la pensée initiale et la poursuit. La présence de l'intention rend ce phénomène significatif sur le plan kammique. Certains de ces trains de pensées peuvent devenir de puissantes habitudes, qui créent une dépendance et jouent un rôle clé dans l'apparition de troubles mentaux tels que l'anxiété et la dépression.  L'une des fonctions de la plein

Les souillures

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Voici une partie d'un dialogue assez surprenant qui se déroula entre Vénérable Sāriputta et le Bouddha, à une époque où le Sangha avait commencé à croître et à prospérer. « Seigneur, certains ont quitté la vie laïque non pas par foi, mais pour subvenir à leurs besoins. Ils sont sournois, malhonnêtes et fourbes. Ils sont agités, bouffis d'orgueil, vaniteux, bavards invétérés. Ils ne surveillent pas les portes de leurs sens, ne mangent pas avec modération et ne se consacrent pas à la vigilance… Ils ne respectent pas les règles de l’entraînement… manquent de pleine conscience et de compréhension claire… ils sont stupides, idiots. » De nos jours, les rapports sur les moines qui se comportent mal sont monnaie courante, bien qu'il faille considérer que le Sangha thaïlandais compte plus de 200 000 personnes, même une petite minorité de mauvais moines pourrait fournir suffisamment de matière pour des histoires scandaleuses régulières dans les médias. Mais ce n'est pas une excus

Dix vertus à cultiver

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  Dans le Nātha Sutta (AN 10.17), le Bouddha énumère dix vertus qui, lorsqu'elles sont cultivées, offrent protection et refuge. 1.⁠ ⁠Sīla : Adopter les préceptes pour guider nos actions et nos paroles. Subvenir à nos besoins par des moyens de subsistance qui ne causent aucun tort. 2.⁠ ⁠Bāhusacca : Se consacrer à l’acquisition d’un savoir étendu ; être cultivé. 3.⁠ ⁠Kalyānamittatā : Cultiver des amitiés saines avec de bons amis. 4.⁠ ⁠Sovacassatā : Accepter les critiques constructives. 5.⁠ ⁠Kiṅkaraṇiyesu dakkhatā : S’engager pour le bien commun et consacrer du temps et des efforts au bien-être de sa communauté. 6.⁠ ⁠Dhammakāmatā. Aimer la vérité ; aimer le Dhamma. 7.⁠ ⁠Viriyārambha : S’efforcer d'abandonner ce qui est malsain et de cultiver ce qui est sain. Être résilient, courageux et imperturbable face aux obstacles et aux déceptions. 8.⁠ ⁠Santulthi : Apprécier et trouver le contentement dans les biens matériels acquis grâce à un travail ardu et honnête. 9.⁠ ⁠Sati : Être attent

Voyons les souillures mentales pour ce qu’elles sont

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Toutes les souillures de l'esprit sont regroupées sous trois termes généraux : l'avidité (lobha), la haine (dosa) et l'illusion (moha). Dans les textes du canon Pāli, elles sont généralement désignées comme les souillures fondamentales. Dans ce contexte, 'l'avidité' va du plus grossier des désirs sensuels à l'inclinaison la plus subtile de l'esprit vers un phénomène mental agréable. La 'haine' va des formes les plus grossières de colère et de malveillance à l'inclinaison la plus subtile de l'esprit à s'éloigner d'un phénomène mental désagréable. L'illusion comprend toutes les souillures restantes. Elles se caractérisent par un manque de clarté mentale. Les exemples incluent avoir l’esprit terne, la paresse, l'inquiétude, la culpabilité, la confusion, l'agitation mentale, le doute, l'attachement à des points de vue et des croyances erronés. Le Dhamma est vérifiable. Nous sommes tous capables d'observer ce que l&

Les rituels et cérémonies

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  Les rituels et les cérémonies sont des réceptacles. Leur valeur n’est pas liée au réceptacle lui-même, mais à ce qu’on met dedans. Les gens participent souvent aux rituels bouddhistes de manière automatique et irréfléchie. Cela ne signifie pourtant pas que les rituels et les cérémonies en eux-mêmes sont une perte de temps. Pour reprendre un célèbre dicton, ne vous demandez pas ce que vous avez obtenu d'une cérémonie, mais ce que vous y avez apporté.  La distinction entre un rituel et une cérémonie n'est pas toujours très nette, mais on peut cependant avancer quelques considérations. Les rituels peuvent être pratiqués individuellement, mais les cérémonies nécessitent toujours un groupe de personnes. Les cérémonies ont tendance à marquer des événements spécifiques, alors que les rituels peuvent être pratiqués quotidiennement, voire plusieurs fois par jour.  Les cérémonies consistent souvent en un mélange de différents rituels. Se prosterner est un rituel. Offrir du tissu au San

Samādi mène à un esprit clair

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  Dans le Buddhadhamma, la pratique du Dhamma est expliquée davantage en termes de prévention des problèmes que de leur résolution. Le Bouddha a enseigné que sans développer samādhi, les obstacles mentaux nous empêcheront toujours de percevoir la véritable nature de notre vie et du monde. Grâce au samādhi, nous pouvons nous accorder avec la façon dont les choses sont. Plutôt que d'agir en fonction d'un amalgame de croyances et d'hypothèses, de logique et d'émotions, nos actions peuvent être ancrées dans une conscience authentique de notre propre bien-être et bonheur, et de ceux des autres. “Bhikkhus, supposez qu'il y ait une mare d'eau trouble, turbide et boueuse. Une personne ayant une bonne vue et se tenant sur la rive ne pourrait pas voir les coquillages, le gravier et les cailloux, ainsi que les bancs de poissons nageant et se reposant… De même, il est impossible pour un bhikkhu dont l'esprit est troublé de savoir ce qui lui est bénéfique, ce qui est bén

Transformer ses habitudes

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Il y a plus de quarante ans, aux débuts de mon apprentissage monastique, j'ai été inspiré par l'attitude de l'un des moines aînés occidentaux. Peu importait ses aptitudes pour certaines tâches, il persévérait jusqu'à ce qu'il réussisse. Bien que n'étant pas naturellement doué pour les langues, il s'était appliqué avec tant de zèle à apprendre le thaï, qu'il avait fini par donner des enseignements aux villageois locaux sur le Dhamma dont Ajahn Chah lui-même avait fait l’éloge. Ce moine avait une formation scientifique. Il était perçu comme étant froid et son discours pouvait parfois être assez brutal et blessant. Les commentaires qu’il avait reçus à ce sujet l'avaient décidé à se consacrer à la méditation mettā. J'étais absent cette année-là, mais lors d'une brève visite, j'avais été consterné par les nouvelles manières de ce moine. Il avait soudainement développé une façon de parler et de se conduire affichant un faux sourire qui n'av

Les pièges de la méditation

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  À mesure que la pratique de la méditation se développe, les méditants peuvent éprouver des perceptions inhabituelles de diverses natures. Dans la méditation sur la respiration, par exemple, celle-ci peut sembler disparaître complètement. Avant cela, les méditants peuvent être confrontés à des images mentales ou à des sons très intenses. La variété des distorsions perceptives est considérable. Les erreurs les plus courantes commises par les méditants à l'égard de ces phénomènes sont la fascination, la peur et le doute. Dans le cas des méditants qui recherchent une expérience de pointe particulière pour valider leurs efforts, la fascination est le principal danger. Les méditants qui s'adonnent à de telles expériences en deviennent obsédés et se sentent déçus et démotivés lorsqu'ils ne parviennent pas à y accéder. Leur pratique s'en trouve compromise. Le deuxième piège est la peur : certains méditants ressentent la perte soudaine de leur perception habituelle d'eux-m

Pavarana, invitation

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  Ce jeudi, le Vassa (la Retraite des Pluies annuelle de trois mois) se termine. Ce jour est marqué dans les monastères par une cérémonie appelée Mahā Pavāraṇā ('Grande Invitation'). Durant de cette cérémonie, chaque moine invite formellement tous les membres du Sangha, quelle que soit leur ancienneté, à se sentir libres de le réprimander pour tout acte corporel et toute parole inappropriés, intentionnels ou non, qu'ils auraient pu commettre. L'importance accordée à cette cérémonie témoigne de la grande importance que le Bouddha accordait à la réprimande mutuelle comme moyen de maintenir des communautés monastiques saines et harmonieuses. En effet, être ouvert à la critique constructive est l'une des vertus les plus essentielles pour toute personne, de la communauté monastique ou laïque, qui souhaite faire de réels progrès dans la pratique du Dhamma. Pour le Sangha, le pavāraṇā n'est pas limité à des moments particuliers. La cérémonie à la fin du Vassa est simpl

Les meilleurs leaders

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  Enfant, comme la plupart des Anglais de ma génération, je suis tombé amoureux du football. Je me souviens qu'en 1970, après d'intenses négociations, mon père  accepta de me réveiller au milieu de la nuit pour regarder les matchs de l'équipe d'Angleterre lors de la Coupe du monde, retransmis en direct (par satellite !) depuis le Mexique. Quelques années plus tard, deux joueurs se disputaient la place de gardien de but dans l'équipe que je supportais. L'un était un personnage flamboyant qui faisait des arrêts époustouflants à chaque match, plongeant à droite et à gauche d'une manière des plus excitantes. L'autre était plutôt terne. Il ne faisait que rarement les arrêts époustouflants de son rival. Les arrêts qu'il faisait semblaient satisfaisants mais inélégants et banals. Je ne comprenais pas pourquoi c'était ce dernier qui était devenu le gardien de but de l'équipe. Plus tard, alors que je jouais moi-même comme ailier dans une équipe locale

Le fondement physique de la pratique du Dhamma

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  La pratique du Dhamma est un entraînement de l'esprit. Mais elle peut être inutilement frustrante si nous négligeons le fondement physique. Nous devons accorder une attention particulière à la manière dont nous abordons les questions de l'alimentation, du sommeil et de l'exercice. Aujourd'hui, je parlerai de l'alimentation.  Le Bouddha n'a pas imposé de régime particulier, mais il a insisté sur le fait que a) nous mangions avec modération, en nous arrêtant avant d'être complètement rassasiés, b) nous évitions les aliments nocifs pour le corps, c) nous mangions en reconnaissant que la satisfaction des besoins du corps prévaut sur le plaisir que procure la nourriture.  En d'autres termes, nous devons manger pour vivre, et non vivre pour manger.  Il est utile pour la méditation de ne pas dîner trop copieusement et de prendre son repas principal dans la journée. Le grignotage offre un répit temporaire au stress, mais pas de véritable libération. C'est

Samsara est comme du velcro

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  Pour reprendre une analogie d'Ajahn Chah, s'attacher aux mauvaises choses, c'est comme saisir la tête d'un serpent venimeux. Il vous mord immédiatement. Mais si vous vous attachez aux bonnes choses, c'est comme si vous vous saisissiez de la queue du serpent. Le serpent ne peut pas vous mordre tout de suite. Cependant, si vous ne le lâchez pas, il vous mordra bientôt, et tout aussi sauvagement. C'est la nature 'dukkha' du monde. Tout, bon ou mauvais, est prêt à vous mordre dès que vous perdez la pleine conscience. Le Bouddha enseigne que tous les phénomènes conditionnés sont dukkha, non pas parce qu'on ne peut pas trouver de plaisir ou de bonheur dans le monde, mais parce qu'on peut s'attacher à tous les phénomènes, et que l'attachement est souffrance. Autre analogie : samsara est comme du velcro. Tous les phénomènes conditionnés sont des bouclettes. L'esprit non éveillé est plein de crochets. Tant qu'il y a des crochets dans l&#

Ouvrez-vous à la bonté

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  Le défenseur d'une équipe de football fait parfois un sprint de cinquante mètres pour étreindre l'avant-centre qui vient de marquer un but. À ce moment-là, le défenseur ressent muditā, une joie solidaire ou appréciative. Il agit ainsi parce qu'il se considère comme faisant partie de la même équipe que l'avant-centre. Le succès de son coéquipier et son propre succès ne font qu'un. De la même manière, nous considérer comme des membres de l'équipe humaine essayant de faire le bien dans ce monde, est un moyen habile de déjouer la jalousie que nous pouvons ressentir en présence de ceux, en particulier nos pairs, qui nous sont supérieurs d'une manière ou d'une autre, qui ont des capacités, un bonheur, un succès auxquels nous aspirons.  Mais la culture de muditā présente un autre avantage. Elle permet également de dissoudre le sentiment de morosité, la tristesse du cœur, le ressentiment sans objet et la déception qui assaillent tant de gens de nos jours. Ouvr

Prendre le temps

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  C’est compréhensible que les gens posent quelquefois des questions sur les raccourcis. En même temps, il est important de reconnaître que le désir d'aller plus vite vous ralentit généralement. Il vous empêche de vous donner de tout cœur à la pratique. Tant que vous vous dites « Il y a peut-être un autre moyen plus facile », vous ne donnez pas le meilleur de vous-même. Le plus souvent, le désir d'écourter les choses résulte de l'impatience, et l'impatience n'est pas un bon maître. Il est vrai que dans les domaines techniques les raccourcis peuvent faire gagner du temps précieux et de l'argent. Mais la pratique bouddhiste n'est pas avant tout une affaire de technique. La technique n'est pas aussi importante que la qualité de l'esprit de celui qui l'applique. Les méditants doivent être disposés à mettre en œuvre les fondements et les conditions optimales pour une application efficace des techniques de méditation. En d'autres termes, le temps n

La méditation assise et en marche

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« Et comment un bhikkhu se dédie-t-il à l’état de veille ? À cet égard, un bhikkhu, pendant la journée, purifie l’esprit des états mentaux obstructifs en marchant ou en étant assis ; durant la première partie de la nuit, il purifie l’esprit des états mentaux obstructifs en marchant ou en étant assis ; au milieu de la nuit, il se couche sur le côté droit dans la posture du lion, plaçant un pied sur l’autre, en pleine conscience et doué de discernement attentif, ayant fixé son esprit sur la perception du lever ; durant la dernière partie de la nuit, il purifie l’esprit des états mentaux obstructifs en marchant ou en étant assis. » (AN 3.16.8) Cette phrase souvent répétée montre la place centrale que la méditation en marche occupait dans la purification de l'esprit à l'époque du Bouddha. La méditation en marche offre une alternative à la méditation assise lorsqu'il existe un obstacle à celle-ci, par exemple un problème de santé ou une somnolence intense L'alternance de pér

Les quatre Chemins de la Réussite

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Les enseignements du Bouddha sur les quatre Iddhipādas ou Chemins de la Réussite présentent différentes façons d'inciter l'esprit à créer les causes et les conditions nécessaires pour atteindre ses objectifs. Le premier iddhipāda est chanda (désir). Il s'agit ici d'exploiter le pouvoir du plaisir. Nous essayons de rendre les choses amusantes, agréables. Nous transformons l'apprentissage en un jeu. Nous nous observons et nous nous disons : "C'est si agréable !" Mais tout ne peut pas être rendu plaisant, ou du moins pas tout le temps. Avec le deuxième iddhipāda, l'effort (viriya), nous cultivons l'amour du défi, de la mise à l'épreuve. Lorsque des obstacles se présentent, nous ne nous contentons pas de nous effondrer. Nous sommes stimulés par l'idée de relever un défi et de le surmonter. C'est l'une des valeurs clés que les enseignants inculquent aux jeunes enfants de l'école avec laquelle je travaille à Bangkok. Pour certaine

Incarnez le Dhamma

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  Un moine aîné m'a récemment rapporté qu'il avait été victime d'abus sur internet à propos d'un enseignement qu'il avait donné. Le ton de sa voix pendant qu’il me racontait cette histoire était régulier et naturel. J’ai immédiatement compris que la raison pour laquelle il me racontait cela n'était pas pour se défendre ni pour se défouler. Il considérait simplement que toute cette affaire était instructive. Tout impact sur lui ou sur sa réputation était accessoire. Ce qu'il voulait me démontrer, c'était les conséquences d'un travail d'érudition bâclé.  Souvent, c’est en voyant les enseignants incarner le Dhamma que j'ai le plus appris dans ma vie, plus même qu'en écoutant leurs discours. La critique, en particulier la critique injuste, est difficile à assumer. C'est une bénédiction d'être en présence d'une personne dont l'esprit est tel que les mots durs qui lui sont adressés se dissolvent dans le vide, comme s'ils ava

Prendre conscience de la nature fragile, insubstantielle et superficielle de l'existence non éveillée

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  Nos occupations frénétiques émoussent nos facultés. Nous devenons émotionnellement affectés par de nombreuses choses qui sont sans importance, et nous restons insensibles aux choses qui sont très importantes. Le Bouddha comparait les facultés des êtres humains à celles des chevaux de pure race. Il expliquait que les meilleurs chevaux courent sous la menace du fouet, les moins bons courent dès qu'ils sentent le fouet toucher leur peau, les chevaux de niveau inférieur ne courent que lorsqu'ils sentent la douleur du fouet, et les plus médiocres ne courent que lorsque le fouet les transperce jusqu'à l'os. Pour les bouddhistes, la réalité de la souffrance et de la mort humaines est le fouet qui peut leur inspirer un sentiment d'urgence à pratiquer sincèrement pour atteindre la libération. Pour beaucoup, le changement ne se produit que lorsqu'ils sont eux-mêmes affligés par la souffrance ou confrontés à une mort imminente. D'autres sont tirés de leur insouciance

Les principes bouddhistes et les obstacles

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On me pose des questions très variées sur le Dhamma. Je réponds à certaines de manière catégorique, à d'autres par une réponse plus nuancée, à d'autres encore par une contre-question, et à d'autres enfin en les laissant de côté. L'une des questions les plus fréquentes commence par ces mots : « Comment trouver un équilibre entre.... ». Très souvent, je me retrouve à souligner que l'idée d'équilibre ou de déséquilibre entre des forces contraires n'est pas toujours la meilleure métaphore pour comprendre ce qui se passe dans nos vies. Récemment, une étudiante m’a demandé comment elle pouvait concilier sa quête d'excellence académique et l'adoption des principes bouddhistes. Ma contre-question fut la suivante : « Quels sont les principes bouddhistes qui, selon vous, nuisent à la recherche de l'excellence et qui devraient être sacrifiés ? »  Dans ce cas, c’était une caricature des principes bouddhistes qui posait problème, et non les principes eux-même

L'idée d'un monde objectif

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L'idée d'un monde objectif est puissante, mais ce n'est que ça, une idée. Les caractéristiques particulières du cerveau humain et des organes sensoriels conditionnent ce que nous concevons comme étant séparé de nous. Pour nous, humains, la vue est le sens prédominant et notre idée du monde en est profondément affectée. Dans nos yeux, trois "cônes" nous permettent de percevoir ce que nous appelons le rouge, le vert et le bleu, mais les oiseaux ont quatre ou cinq cônes et sont sensibles à la lumière ultraviolette, ce qui leur permet de percevoir des couleurs que nous ne pouvons pas percevoir. Donc comment pouvons-nous croire que ces couleurs existent objectivement ? Considérons, par exemple, à quel point le monde dans lequel vivent les éléphants est différent du nôtre. Leur odorat est si développé qu'ils peuvent détecter une source d'eau jusqu'à 20 km de distance. Ils peuvent entendre et produire des infrasons (atteignant des fréquences aussi basses que

Reconnaître notre progrès dans le Dhamma

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Jīvaka Komārabhacca était le médecin du Bouddha. Les textes du Canon pāli racontent que peu après sa naissance, sa mère, une courtisane, l'abandonna dans une décharge. Plus tard ce même jour, le prince Abhaya de Magadha passa près de la décharge et, remarquant quelque chose d'inhabituel, ordonna à l'un de ses serviteurs d’enquêter. Informé que le paquet suspect était un bébé, il demanda s'il était encore en vie et reçut une réponse affirmative. Le prince Abhaya décida alors d’élever lui-même l’enfant et lui donna le nom de Jīvaka, « celui qui est vivant ». Jīvaka étudia ensuite la médecine à la grande université de Taxila sous la direction d'un professeur appelé Ātreya. À la fin de ses études, Ātreya lui fit passer un test. Il lui demanda de parcourir la campagne autour de l'université et de recueillir des échantillons de toutes les plantes non médicinales. Jīvaka revint au crépuscule les mains vides et déçu. Mais Atreya était rayonnant. Le fait que Jīvaka n’ait

Les doutes concernant le niveau de samādhi

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Les méditants ont souvent des doutes concernant le niveau de samādhi requis pour assurer la stabilité et la clarté d'esprit nécessaires à la contemplation des trois caractéristiques que sont anicca, dukkha et anattā. La réponse se trouve dans la question. Si un méditant est capable de contempler ces trois caractéristiques sans être distrait, alors le niveau de samādhi est suffisant. S'il n'est pas en mesure de maintenir l'attention sur la contemplation, le niveau de samādhi est insuffisant. Dans ce cas, le méditant doit revenir à son objet de méditation initial. Il n'est pas nécessaire de s'engager dans de nombreuses discussions théoriques sur ce sujet. Cela tend à se terminer par des disputes sans résolution, chaque partie citant les textes de son choix ou des interprétations différentes d'un même texte. Examiner les textes pertinents permet de lever les doutes concernant le Vinaya. Mais en mettant l'accent sur l'expérience directe, on élimine les d

Saine ou malsaine : la motivation de la pratique

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La motivation est un phénomène impermanent et conditionné. La motivation pour la pratique fait partie de la pratique. En effet, tout ce qui se passe dans l'esprit doit être considéré comme étant inclus dans la pratique. La force de notre motivation doit être suivie de près, car elle fluctue. Est-elle à un niveau optimal ou abordons-nous la pratique de manière mécanique ou superficielle ? Surtout, nous devons vérifier si notre motivation actuelle est saine ou malsaine. La motivation saine est la racine de tout progrès dans le Dhamma. La motivation malsaine est à l'origine de toute stagnation et de tout déclin. L'Effort Juste, l’Attention Juste, la Concentration Juste ne sont possibles qu'avec une motivation saine. La motivation saine (Dhammachanda) est axée sur la qualité du processus, sur ce que nous faisons en ce moment, sur les causes et les conditions que nous créons. La motivation malsaine est axée sur l'avenir, sur les résultats souhaités de la pratique. Elle e

Être entièrement inoffensif ne peut être qu'un idéal à suivre

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  J'ai passé ma deuxième retraite des Pluies en tant que moine à Wat Pah Nanachat à Ubon. Une nuit, après une forte pluie, je me suis réveillé et j'ai découvert que mon kuti avait été envahi par des fourmis. À la lumière de ma torche, j'ai constaté que mon corps était couvert de centaines de fourmis. Heureusement, il ne s'agissait pas des vicieuses fourmis piqueuses ‘motlin’, elles étaient bien plus petites et se contentaient de courir à l'aveuglette, mais la sensation de démangeaison était intense. J'ai tâtonné pour allumer ma lampe à pétrole, puis j'ai utilisé le balai souple et doux pour enlever délicatement les fourmis de mon corps. Cela a pris beaucoup de temps. J'ai fait de mon mieux pour ignorer les démangeaisons et sauver autant de vies que possible. Néanmoins, beaucoup de fourmis sont mortes. Ce fut une bonne leçon pour moi : même pour un moine bouddhiste, être entièrement inoffensif ne peut être qu'un idéal à suivre. La perfection de sīla n

Révéler nos propres fautes et celles des autres

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Une personne révèle les fautes des autres sans qu'on le lui demande, et encore plus si on le lui demande directement. Elle parle en détail, sans omission, souvent en exagérant pour faire de l'effet, présentant les fautes des autres sans contexte ni compassion. Elle mélange ce qu'elle sait directement avec des ouï-dire. Elle peut prétendre se sentir soucieuse, mais se réjouit intérieurement que les fautes d'autrui soient exposées au grand jour. Une autre personne évite, dans la mesure du possible, de parler des fautes des autres. Elle reconnaît le plaisir pervers que peut procurer un tel discours et le fuit comme un poison. Interrogée directement et n'ayant pas d'autre choix, elle parle de manière aussi concise que possible, s'en tenant strictement à ce qu'elle sait être vrai et à ce qu'il est nécessaire de mentionner. Elle évoque d'éventuelles circonstances atténuantes. Une personne ne dévoile pas ses propres défauts lorsqu'elle est interrogé

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