Articles

Affichage des articles du décembre, 2023

Mahāmaṅgala Sutta (1)

Image
1) "Ne pas fréquenter les sots est une grande bénédiction". Au sens bouddhiste, un sot est une personne qui agit, parle et pense habituellement d'une manière qui nuit à son bien-être et à son bonheur à long terme ainsi qu'à ceux de son entourage. Les sots peuvent avoir un diplôme universitaire, ils peuvent être riches et réussir dans certains domaines de la vie, mais ils sont comme un poison pour eux-mêmes et pour les autres. Bien sûr, nous n'avons qu'un pouvoir limité dans le choix des personnes avec lesquelles nous passons notre vie, en particulier notre vie professionnelle. Mais nous devrions éviter tout contact inutile avec les sots ; le commentaire explique cela par " ne pas les suivre ou les servir ". En fréquentant des sots, nous perdons facilement de vue nos valeurs. Nous risquons même de nous perdre et de devenir sots comme eux. À la limite, nous risquons de devenir comme les feuilles utilisées pour envelopper les poissons pourris : nous abs

Donner et prendre

Image
  La plupart des gens trouvent qu'il est facile de prendre. Parfois, ils pensent que c'est leur droit ; ils se sentent autorisés à prendre toutes les bonnes choses qui se présentent à eux. Parfois, ils ne pensent guère à ce qu'ils prennent jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus et ils se sentent alors en colère. Certaines personnes ont peur de la privation. Elles s'accrochent à tout ce qu'elles peuvent, tant qu'elles le peuvent. Elles se disent "qui sait ce que l'avenir nous réserve ?". Beaucoup de preneurs ont du mal à donner. ”Pourquoi ferait-on cela? Pourquoi assumer une perte délibérée?” se demandent-ils. Il y a aussi des personnes qui trouvent qu'il est facile de donner. Elles trouvent de la joie dans le partage. Elles aiment le sentiment de faire une différence positive dans la vie des autres, même dans les plus petites choses. Ce sont des personnes bienveillantes que l'on appelle 'le sel de la terre'. Elles ne sont peut-ê

Le lâcher-prise n'est pas synonyme de passivité

Image
  L'un des disciples d'Ajahn Chah s'était vu attribuer une hutte dont le toit commençait à fuir. Il déplaça sa natte de couchage dans un coin sec et s'accommoda de cet inconvénient. Il pensait pratiquer le lâcher-prise. Ajahn Chah ne fut pas impressionné. Il dit que le moine était stupide. Il ne pratiquait pas le lâcher-prise d'un moine bouddhiste, mais celui d'un buffle. Il aurait dû réparer le toit. Faire la paix avec une situation insatisfaisante n'est pas nécessairement lâcher prise. Le lâcher-prise n'est pas synonyme de passivité. Il ne doit jamais servir à justifier la paresse. Lâcher prise ne signifie pas abandonner ou se débrouiller. Dans le sens bouddhiste, le lâcher-prise se réfère à l'abandon des pensées de moi et mien. Souvent, dans la pratique, la chose la plus importante est de surveiller son esprit. Mais parfois, il suffit de réparer le toit. Ajahn Jayasāro 19/12/23

La pleine conscience sans pensées

Image
  Une petite expérience : essayez de maintenir un flot de pensées ininterrompu, sans hésitations ni pauses, pendant une minute. C'est très difficile ! Les gens s'exclament souvent avec frustration qu'ils n'arrêtent jamais de penser. En fait, ils s’arrêtent, nous le faisons tous. Il y a de courtes pauses régulières entre les trains de pensées. Voici une pratique de méditation simple, adaptée à la vie de tous les jours. Remarquez les pauses entre les pensées et appréciez-les, prolongez-les si cela vous semble approprié. Plus vous apprécierez et plus vous jouirez de l'expérience de la pleine conscience sans pensées, plus votre dépendance à la pensée s'affaiblira. Ajahn Jayasaro 16/12/23

Observez l'envie

Image
  Observez l'impersonnalité de l'envie : comment son apparition est conditionnée par une forme visible, un son, une odeur, un goût, une sensation physique, une pensée ou un souvenir. Observez comment l'envie est ressentie au moment où elle se manifeste : le mécontentement, l'agitation, le sentiment de manque.  Observez, en d'autres termes, la souffrance inhérente à l'envie. Observez comment l'envie conditionne d'autres états mentaux malhabiles tels que l'impatience et la jalousie. Observez comment l'esprit cherche des raisons pour justifier l'envie, puis se persuade que ces raisons sont arrivées en premier. Observez comment l'esprit s'efforce de supprimer toute considération sur les conséquences de l'envie pour son propre bien-être ou celui des autres. Observez à quel point le plaisir que procure la satisfaction d'une envie est en grande partie dû à la cessation du stress lié au désir. Ajahn Jayasāro 12/12/23

La vacuité

Image
  La tournée d'aumône a un caractère rituel. Normalement, aucun mot n'est échangé entre le donateur laïc et le moine, et aucun contact visuel n'est établi. L'autre jour, une femme âgée, après avoir déposé de la nourriture dans mon bol, me demanda la permission de lui poser une question, ce qui est assez inhabituel. Voyant que j'acquiesçais, elle me dit : "Comment puis-je demeurer dans la vacuité ? Je peux le faire pendant de courtes périodes durant la méditation, mais pas dans la vie de tous les jours.”  Je résume ma réponse : il n'y a pas d'état de vacuité à rechercher. Le Bouddha utilisait le mot "vacuité" pour signifier "sans". Ainsi, un gâteau sans sucre dans le bol d'un moine peut être appelé un gâteau "exempt de sucre". Si nous voulons utiliser ce mot en relation avec l'esprit, nous devons nous poser la question suivante : exempt de quoi ? L'absence de pensée pendant la méditation n'a de valeur que si

Les limites judicieuses de la vie

Image
  Imaginez un orchestre symphonique jouant les grandes œuvres de Mozart ou de Beethoven. Imaginez les solistes, le chef d'orchestre. Imaginez ensuite : chaque moment de virtuosité et de créativité de ces musiciens dépend de leur maîtrise des manuscrits écrits par le compositeur il y a des centaines d'années.  Les musiciens n'ajoutent pas de nouvelles notes de leur propre chef et n'omettent aucune des notes originales. Pensez à un grand acteur qui interprète l'un des célèbres soliloques de Shakespeare. Le talent et la créativité de l'acteur ne sont pas limités par le texte. Au contraire, les mots de Shakespeare lui permettent de s'exprimer pleinement. Pensez aux grands sportifs au sommet de leur performance. Leur excellence n'est pas entravée, mais reçoit son caractère spécifique, par les règles de leur sport. Dans tous les domaines de la vie, des limites judicieuses nous empêchent de tomber dans le piège de l'habitude et de la complaisance. Elles nou

Cessons de faire de notre personnalité une affaire personnelle

Image
  Bhava tanhā est le désir d'être ou de devenir. Il prend racine dans l'hypothèse fondamentale que nous possédons un moi stable et autonome. Bhava tanhā est le désir permanent de sécurité et de bien-être pour ce supposé moi. Il peut se manifester par le désir d'être riche, d'être célèbre, d'avoir du succès, d'être puissant, d'être respecté, d'être apprécié, d'être aimé. Il peut même prendre la forme d'un désir d'être une bonne personne. Cela nous amène à nous investir profondément dans des idées sur qui nous sommes. Et ces idées sont étroitement liées à la manière dont nous pensons être perçus par les autres. L'inconvénient devient évident lorsque les gens ne nous perçoivent pas comme nous voulons, ou pensons que nous méritons, d'être perçus. Dans les cas les plus bénins, cela peut entraîner un sentiment de dépit, d'être incompris et de ne pas être apprécié. Plus sérieusement, cela peut provoquer un malaise aigu, de la confusion,

Le piège de l'avidité

Image
  De nombreuses personnes demandent aux moines comment se libérer de la colère. Beaucoup moins leur demandent comment se libérer de l'avidité. Voir le danger de l'avidité et apprendre à s'en libérer est un élément essentiel de la pratique du Dhamma, trop souvent négligé.  L'avidité trouve du plaisir dans les choses qui mènent à l'esclavage. Elle lie les êtres à la boucle de la renaissance.  L'avidité est comparée à une liane. Elle étrangle ses victimes comme une liane étrangle un arbre.  L'avidité est difficile à abandonner ou même à vouloir abandonner. Elle est comme une teinture qu'il est extrêmement difficile d'enlever d'un tissu. L'avidité colle à l'esprit, comme la viande déposée sur une poêle chaude. L'avidité nous entraîne vers les royaumes inférieurs, tout comme une rivière au débit rapide nous entraîne vers l'océan. L'avidité s'accroche à l'esprit comme le piège à glu du singe s'accroche à