La véritable nature de l'équanimité
Imaginez que vous conduisiez sur une route isolée et que vous voyiez une voiture encastrée dans un arbre. Vous vous garez et vous vous précipitez pour voir ce que vous pouvez faire. En vous approchant de la voiture, vous apercevez le conducteur, inconscient derrière le volant. Vous détectez une forte odeur d'alcool. Vous en concluez que le conducteur était certainement ivre lors de l'accident. Que faites-vous ensuite ? Vous dites-vous : "c'est bien fait pour lui !", est-ce que vous retournez dans votre voiture et partez ? Je ne pense pas. Je pense que vous sortiriez votre téléphone et appelleriez une ambulance.
La réponse bouddhiste à la souffrance, quelle qu'en soit la cause, est guidée par la compassion : "comment puis-je aider ?" et la sagesse : "comment puis-je aider de la meilleure façon possible ?". L'idée qui voudrait qu'on soit indifférent au sort des autres parce qu'on croit que chacun reçoit les fruits de ses actions passées est fausse. Elle dénature gravement les enseignements du Bouddha sur l'action volontaire (Kamma).
L'indifférence à la souffrance de nos semblables est la perversion de l'équanimité, et non son expression.
Il est utile de connaître la relation entre la consommation d'alcool et les accidents de voiture. Cela peut nous aider à éviter de futurs accidents. De même, connaître la relation entre les actions peu judicieuses et la souffrance peut nous aider à éviter cette souffrance à l'avenir. En attendant, nous faisons ce que nous pouvons pour réduire la souffrance déjà présente.
Ajahn Jayasāro
01/07/23