Des sensations subtiles d’un esprit non éveillé
Lorsque le maître zen japonais Bankei décéda, un aveugle qui vivait près de son monastère dit : "Comme je ne peux pas regarder le visage des gens, je dois juger de leur caractère au son de leur voix. Habituellement, lorsque j'entends quelqu'un féliciter une autre personne pour son bonheur ou son succès, j'entends aussi une tonalité subtile d'envie. Lorsque les gens expriment leur chagrin pour le malheur d'autrui, j'entends souvent dans leurs paroles un léger plaisir et une satisfaction. Mais d'après mon expérience, la voix de Maître Bankei était toujours sincère. Lorsqu'il exprimait son appréciation, je ne sentais rien d'autre que de l'appréciation ; lorsqu'il exprimait sa compassion, je n'entendais que de la compassion.”
Recherchez ces sensations subtiles dont parlait l'aveugle, même si vous ne vous sentez pas à l'aise. Si vous détectez un petit plaisir dans la douleur même celle de vos bons amis, ou un certain déplaisir dans leur bonheur ou leur succès, cela ne signifie pas que vous êtes une mauvaise personne. Ces sensations ne sont que des réactions normales d'un esprit non éveillé. Mais ce sont aussi des taches sur l'esprit qui peuvent et doivent être éliminées par la pratique du Dhamma. Ce n'est pas facile, mais cela procure une grande joie.
Ajahn Jayasāro
10/06/23