Le mensonge et l'importance du quatrième précepte


Essayer de manipuler la perception que les autres ont de nous est vieux comme le monde. Le premier et le plus puissant outil de choix a toujours été le mensonge. C’est pourquoi respecter le quatrième précepte engendre un effet si transformateur sur l’esprit humain. Au début, ce précepte peut simplement consister à ne pas dire qu’une chose est ce qu’elle n'est pas, ou qu’elle n’est pas ce qu’elle est. Mais avec la pratique du précepte, nous devenons de plus en plus sensibles aux pollutions mentales qui se cachent derrière notre tendance à dissimuler, déformer et dramatiser, atténuer et exagérer. Nous observons cette habitude de rechercher des raisons convaincantes pour justifier ou excuser nos actions malavisées. Nous nous surprenons en train d’évaluer ces raisons dans des conversations imaginaires pour voir si elles peuvent passer. Nous voyons alors à quel point le mensonge est fondamental pour maintenir ce sens du soi trompeur qui est à la racine de notre souffrance.

Avec le passage du temps, nous commençons à aimer et à apprécier la vérité pour elle-même. Nous lâchons prise de l’objectif épuisant et à court terme consistant à maintenir la meilleure image possible de nous-mêmes aux yeux des autres. A la place, nous voyons que chérir la vérité, ne pas donner de place à ce qui est faux, nous procure une fondation durable et profondément épanouissante pour la vie avec les autres.

Ajahn Jayasāro
11/03/23