Comprendre les dhammas mondains


 

Dans le monde humain, il n'existe aucun endroit où nous puissions échapper aux huit dhammas mondains du gain et de la perte, du plaisir et de la souffrance, de l'éloge et du blâme, de la hausse et de la baisse de statut et de réputation. Même les murs des monastères n'offrent qu'une faible protection contre ces huit "vents mondains". Certaines personnes pourraient penser qu'en vivant seules dans une grotte, elles en seraient enfin libérées. Mais, en fait, elles ne tarderont pas à revivre leurs expériences passées. Tout le monde a en mémoire un fichier de dhammas mondains suffisamment gros pour nourrir des années de rumination infructueuse dans l'esprit d'un ermite dépourvu de sagesse.

Il est important de garder à l'esprit que les huit dhammas mondains sont inclus dans la première noble vérité, et non dans la seconde. En d'autres termes, ce ne sont pas des choses que les pratiquants bouddhistes doivent abandonner, mais des choses qu’ils doivent comprendre pleinement. Nous ne pouvons pas nous libérer des phénomènes naturels, mais nous pouvons lâcher prise des désirs qu'ils suscitent. L'esprit non entraîné désire le gain, le plaisir, les louanges et le statut social. En même temps, il aspire à une vie sans perte, sans souffrance, sans reproche et sans déclin de statut. Plus nous désirons les dhammas mondains que nous aimons, plus nous avons peur et nous éprouvons du ressentiment envers ceux que nous n'aimons pas. Ce ne sont pas les dhammas eux-mêmes qui posent problème, mais notre relation à eux.

Bien que nous ne puissions pas échapper aux dhammas mondains, nous n'avons pas à souffrir de leur présence. Plus notre compréhension de ces dhammas croît, plus notre attachement à ces derniers s'affaiblit. Plus l'attachement s'affaiblit, plus nous devenons libres.

Ajahn Jayasāro
7/3/23