Nous pratiquons pour la libération
La nostalgie spirituelle est un malaise courant pour les méditants d'aujourd'hui. Les personnes atteintes de ce mal souffrent de leurs difficultés à reproduire une puissante expérience de samādi survenue au début de leur pratique. Elles parlent avec ravissement de la percée inoubliable qu'elles ont faite dans leur méditation et, avec des yeux tristes, admettent leur frustration à ne pas pouvoir en faire à nouveau l'expérience. Peut-être qu'un jour, concluent-elles avec nostalgie, cela se reproduira. Elles vivent dans l'espoir. En fait, c'est précisément cet espoir, cette attente et ce désir qui les empêchent d'avancer.
Le but de la méditation bouddhiste n'est pas d'atteindre un état d'esprit profond particulier et de le rendre permanent. Une telle motivation reviendrait à aspirer à une renaissance céleste. Nous pratiquons pour la libération. Nous développons samādi afin de donner à l'esprit la stabilité et la clarté nécessaires pour voir la nature du corps et de l'esprit sans distorsion. Notre objectif est d'apprendre de notre expérience, quelle qu'elle soit, et non de nous attarder sur nos souvenirs du passé. Il y a beaucoup à apprendre des états profonds de samādi, mais il y a aussi de nombreux pièges dans lesquels nous pouvons tomber à cause d'eux.