Le piège du sentiment d'être sûr et certain

 


Le sentiment d’avoir raison est grisant, comme une drogue qui crée une forte dépendance. La dépendance s’approfondissant, l’attachement aux vues et aux opinions s’intensifie. Admettre que l’on a tort devient alors presque impossible, même pour des petites choses. Lorsqu’on s’agrippe si fort à des vues et opinions qu’elles deviennent une partie intégrante de notre identité, les protéger devient une question de vie ou de mort. Des avis contraires sont interprétés comme des contestations personnelles, des insultes ou une déloyauté exaspérante. 

Le Bouddha est le seul parmi les grands maîtres religieux à avoir enseigné les dangers de l’identification aux vues et opinions. Il les décrivait comme ‘un bosquet, un paysage désolé' . 
L’abandon de cette relation imprudente avec les vues et opinions commence par reconnaître le niveau de souffrance qu’elle entraîne avec elle et comment elle empêche l’esprit de manifester une quelconque paix et une sagesse véritable. Il est important de réflechir au fait que les vues et opinions se basent sur l’information et l’observation. Comme ces deux choses sont faillibles, les vues et opinions qu’elles conditionnent ne peuvent pas ainsi être entièrement fiables. Il est également utile de se rappeler les occasions où on était complètement convaincu de quelque chose pour finalement découvrir par la suite que l’on avait tort.
 
Évoquez ce sentiment d’être sûr et certain.  Rappelez-vous que ce n’est qu’un sentiment, ni plus ni moins. Ce n’est pas en soi une preuve de quoi que ce soit.
 
Ajahn Jayasāro
10/12/22