Nos vies sont comme des chutes d’eau
La photographie d'une cascade peut être exceptionnellement vivante et bien cadrée. Elle évoque peut-être habilement la beauté rafraîchissante d'une chute d'eau découverte par hasard lors d'une randonnée dans la jungle. Elle peut aussi transmettre avec talent la grandeur impressionnante de l'une des immenses et célèbres chutes d'eau comme celles du Niagara. Mais aussi brillante que soit la photo, elle doit, par nécessité, omettre l'élément le plus essentiel de la chute d'eau. Il ne peut s'agir que d'une image fixe de quelque chose qui n'est jamais fixe, pas même un instant : l'eau qui tombe.
Nos vies, comme l'a écrit un grand maître, sont comme des chutes d'eau. Nous tombons, moment après moment, de la naissance à la mort, comme l'eau qui tombe d'une falaise. Mais lorsque nous pensons aux vies, nous avons tendance à les considérer comme des entités fixes. Nous avons l'idée que cette personne est comme ceci et que cette personne est comme cela. En fait, ce ne sont que des photographies. Aussi exactes que nous puissions les croire, nous devons nous rappeler que ces idées ne peuvent être que des images fixes de quelque chose qui n'est jamais fixe : des vies qui passent, des vies qui tombent de la naissance à la mort. Les idées sur nous-mêmes et sur les autres peuvent être vraies dans un certain sens. Mais elles ne peuvent être vraies que dans la mesure où une photographie est une représentation fidèle du mouvement.
06/09/22