L'altérité
Dans une des grandes satires de la superstition religieuse, un messie malgré lui s’agace de toutes les personnes qui le suivent partout : “Vous n’avez pas besoin de me suivre ! Vous n’avez besoin de suivre personne ! Vous devez penser par vous-même ! Vous êtes chacun un individu ! “ La foule autour de lui rétorque : “ Oui, nous sommes des individus ! “ Il crie plus fort : “ Vous êtes tous différents les uns des autres ! “, et la foule de hurler en retour, “ Oui, nous sommes tous différents ! ” Puis, dans le petit silence qui suit, une voix provocatrice dit : “Moi non !”
La scène est à la fois drôle et astucieuse. La foule dénie son individualité en l’affirmant, le rebelle esseulé affirme son individualité en la déniant.
L’ironie est que plus nous pensons par nous-mêmes, plus nous réfléchissons profondément sur notre esprit et notre vie, moins nous devenons des individus, c’est plutôt le contraire.
En tant que méditants, nous revenons sans cesse à la vérité selon laquelle tous les êtres sensibles sont nos compagnons dans la naissance, la maladie et la mort, tous les êtres partagent l’envie d’être heureux et l’aversion envers la souffrance. Ce faisant, les barrières qui nous séparent des autres se dissolvent.
Moins on s’identifie avec ce corps particulier et ses états d’esprit transitoires, moins on cherche à trouver un sens et un but dans ce qui nous différencie des autres. Moins les façons dont nous sommes différents des autres sont la mesure de la valeur de nos vies, plus notre santé mentale est bonne.
20/08/22