Nibbana



Hier soir, j’étais assis dans le Hall de Dhamma d’un monastère bouddhiste Thaï en pleine campagne suédoise. Un certain nombre de femmes thaïlandaises et quelques-uns de leurs époux suédois me posaient des questions. Puis, une question vraiment profonde est arrivée à l’improviste : ‘je vous en prie, décrivez Nibbāna’. J’ai répondu que je ne le pouvais pas. Ce n’est pas possible de décrire avec des mots ce qui va au-delà du langage. La femme ne semblait pas satisfaite de ma réponse. 

Alors, je lui ai posé une question à mon tour : ‘je vous prie de décrire le goût du pain’. Elle m’a répondu qu’elle ne le pouvait pas. Je lui ai dit que si elle ne savait pas comment décrire le goût de quelque chose d’aussi banal que le pain, c’était injuste qu’elle s’attende à ce que je puisse décrire le goût de Nibbāna. 

J’ai expliqué que le Bouddha évitait de parler de Nibbāna. Il préférait mettre l'accent sur le chemin menant à sa réalisation. Je lui ai dit que c’est comme décrire le pain à quelqu’un. On explique quels sont les ingrédients nécessaires : farine, eau, levure, sel et ainsi de suite. Puis on explique comment faire la pâte, combien de temps il faut la laisser au four et à quelle température. Puis on dit à la personne,  ‘Mettez-en un morceau dans votre bouche, et vous connaîtrez par vous-même le goût délicieux du pain frais. ‘

Ajahn Jayasāro   
29/03/2022