S'ouvrir aux corrections
Une vertu essentielle, que peu de personnes développent, consiste à accepter les réprimandes, à être quelqu’un avec qui il est facile de parler, quelqu’un de naturellement ouvert aux conseils offerts avec bonne intention. Toutefois, sans elle, nous luttons pour accomplir de réel progrès, parce que nous ne sommes pas très bons pour nous auto-évaluer.
Un exemple banal : il a été démontré dans de nombreuses études que si les personnes multitâches ont souvent l'impression d'être plus productives, en fait leur productivité diminue à la fois en quantité et en qualité. Une des principales raisons de cette perception erronée est l’absence d’un groupe de contrôle ou de mesure externe objective, susceptible de fournir un retour d’information. Une autre raison est que beaucoup faire, quelque tâche que ce soit, nous encourage à croire, indépendamment de nos performances réelles, que nous sommes devenus bons dans ce domaine. Nous confondons habitude et compétence. Les mauvais étudiants surestiment souvent leurs capacités parce qu'ils ignorent l'ampleur de ce qu'ils ne savent pas encore. Leur confiance dépend du fait qu’ils ne cherchent pas de contre-arguments ou de faits qui contredisent leur pensée. Ils n’accueillent pas favorablement la contradiction. Les bons étudiants en revanche se concentrent sur ce qu’ils ne savent pas et ne maîtrisent pas encore. Leur véritable amour de l'apprentissage favorise l'humilité et l'ouverture aux critiques.
Le Bouddha a enseigné que “suvaca”, être ouvert et accepter facilement les réprimandes, être capable de recevoir un encouragement par la critique, avec reconnaissance et de bonne grâce, est l’une des plus grandes bénédictions de la vie.
Ajahn Jayasāro
4/1/2022