Premier éveil

 


L’autre jour une bouddhiste laïque me parlait de la frustration qu’elle ressentait en essayant d’encourager sa fille à s’intéresser au Dhamma. Elle disait que sa fille insistait sur le fait qu’à son âge elle n’avait pas besoin de cela. La jeune femme disait que le Bouddhisme ça ne parle que de souffrance et qu’à son âge elle en avait très peu. A son âge, elle était plus intéressée à profiter de la vie.

J’ai suggéré à la mère d’offrir à sa fille un travail de trois heures très bien payé. Tout ce qu’elle aurait à faire pour gagner cet argent serait d’entrer dans une pièce vide sans aucun de ses appareils, sans livre ni aucune autre distraction et d’y passer les trois heures en sa propre compagnie. Il lui faudrait être consciente tout au long : si elle venait à chercher une échappatoire dans le sommeil, elle ne serait pas payée.

Ce genre d’expérience peut changer la vie. Se rendre compte combien il est difficile de rester avec soi-même, quel défi cela représente de demeurer éveillé sans distraction, combien notre activité quotidienne n’est en fait qu’une stratégie pour s’assurer que nous demeurions avec nous-mêmes aussi peu que possible, toutes ces prises de conscience peuvent rendre les enseignements du Bouddha plus vivants. Un réel intérêt dans le Bouddhisme ne requiert pas un grand acte de foi, juste un premier éveil à la condition humaine.


Ajahn Jayasāro

      9/10/21