Un chemin libre et passionné

 


Dans le monde contemporain, qui met tellement l'accent sur l'autonomie personnelle, ce que les gens aiment et n'aiment pas a pris une importance inégalée. Et, ces jours-çi, beaucoup de personnes se définissent par rapport à leurs goûts. En fait, cela a toujours été plus ou moins le cas. Dans son premier discours, le Bouddha s'est référé à la souffrance qui vient de la séparation de que l'on aime et l'association à ce que l'on n'aime pas. Notre esprit est appauvri et rétrécit quand on regarde trop le monde à travers le prisme de ce qui nous plaît, de ce qui nous déplaît et de ce qui nous est indifférent.

L'avidité est alimentée par nos préférences, l'aversion se développe à cause du dégoût tandis que l'indifférence fait croître la morosité et l'insensibilité.

Mais les choses que nous aimons, que nous n'aimons pas, ou qui nous laissent indifférents, changent. Si elles changent, comment pourraient-elles être qui nous sommes réellement ? Même dans nos préférences, aversions ou indifférences, nous pouvons voir des choses intéressantes en les observant bien. Regardez par exemple, moment par moment, les sentiments qui vous animent en faisant quelque chose qui vous plaît, disons en mangeant votre nourriture favorite. Si on regarde sans préjugés, on découvre peut-être bien plus de sentiments neutres que ce à quoi on pourrait s'attendre, voire même, par moments, des sentiments désagréables. La corrélation entre aimer quelque chose et un sentiment agréable n'est pas directe. Des idées concernant ce que nous aimons, n'aimons pas ou qui nous indiffèrent peuvent masquer et fausser notre expérience de la vie. Mais cultiver l'intérêt, la curiosité, la passion de regarder profondément en nous-mêmes dans l'instant présent est le chemin du Bouddha.

Ajahn Jayasaro 03.08.21