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Les résultats du kamma ne peuvent être déterminés

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Le Bouddha a enseigné qu'il y a quatre sujets qui ne peuvent pas être compris intellectuellement. Trop y penser, disait-il, n'apporte que folie et contrariété. Ces questions sont les suivantes : Le domaine des bouddhas, Le domaine de celui en état de jhāna, Les résultats du kamma, Les conjectures sur le monde (son origine, etc.) (AN 4.77). En ce qui concerne la troisième de ces quatre questions, les résultats des actions volitives ne peuvent être déterminés, car certains sont des expériences de la vie suivante et d'autres des vies futures. De même, il n'y a aucun moyen de savoir dans quelle mesure notre expérience actuelle est influencée par le kamma créé dans le passé. Nous sommes tout simplement incapables de rassembler toutes les données dont nous aurions besoin pour vérifier la loi du kamma dans toute sa complexité. Il existe cependant des schémas de cause et d’effet que nous pouvons discerner dans notre vie quotidienne. Par exemple, la première fois que nous faison...

Anattā dans la vie quotidienne

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Les visages sont très importants pour nous. Les bébés sont capables de les reconnaître dès leurs premiers mois. Nous nous identifions davantage à un visage qu'à toute autre partie du corps et nous tirons de nombreuses conclusions sur la base des visages. L'« effet de halo » signifie que les personnes ayant un visage attrayant sont généralement perçues comme ayant d'autres qualités positives, telles que la compétence, l'intelligence et l'honnêteté. Cela peut les amener à bénéficier d'un traitement préférentiel dans de nombreuses situations. Les personnes ayant un visage peu attrayant sont souvent jugées injustement comme étant peu dignes de confiance. Voici une pratique de méditation sur le visage : exprimez une émotion sur votre visage. Commencez par quelque chose d’extrême, comme l’indignation. (Comment osez-vous ?!) Les yeux fermés, tracez la configuration des muscles impliqués, la chaleur du sang qui irrigue le visage, etc. En étant pleinement conscient des c...

Chien qui aboie ne mords pas ?

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Un homme et son ami se rendent pour la première fois chez une connaissance. Alors qu'ils s'approchent de la porte d’entrée, un gros chien sort de derrière la maison en aboyant furieusement. Voyant que son ami est effrayé, l'homme lui dit : « Ne t'inquiète pas, les chiens qui aboient ne mordent pas. » Son ami, un méditant, lui répond : « Je le sais, tu le sais, mais le chien le sait-il ? » Être à deux est dangereux. La plupart des gens apprennent rarement de nouvelles choses d'un vieil ami ou changent d'avis à cause de quelque chose qu'il leur a dit. Le plus souvent, ils tombent dans un schéma d'habitudes partagées. Formant leur bulle à deux, ils renforcent et amplifient les suppositions, les croyances et les préjugés l'un de l'autre. L'accord entre eux fait que leurs pensées leur paraissent universellement légitimes.  Dans la méditation, nous émergeons pour un temps de toutes les bulles que nous avons créées autour de nous, les bonnes comme l...

Le triple joyau ne peut être volé

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  Il était une fois un homme riche qui possédait un gros diamant qu'il aimait énormément. Souvent, il demandait à ses domestiques de placer le diamant sur un socle dans le jardin derrière sa maison, afin qu'il puisse s'asseoir sur sa terrasse et le regarder scintiller à la lumière du matin. C'était pour lui ce qui s’approchait le plus de la paix intérieure. Un jour, l'impensable se produisit. Alors qu'il savourait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel émises par le diamant sous les premiers rayons du soleil, l'éclat commença à s'estomper, puis disparut. L'homme riche se leva de sa chaise et se précipita vers son précieux diamant, mais le joyau avait disparu, comme s’il s’était évaporé dans les airs. En réalité, le diamant n'avait jamais été là. Afin de pouvoir le voler sans éveiller de soupçons, les domestiques de l'homme riche avaient placé sur le socle un bloc de glace sculpté. Riche ou pauvre, nous avons tous des diamants précieux. La p...

L’ignorance n’est pas le bonheur

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Il existe un vieux dicton en Grande-Bretagne qui dit que « l'ignorance, c’est le bonheur ». Ce proverbe provient d'un poème du XVIIIe siècle, dans lequel le poète Thomas Gray suggère qu'il vaut mieux ignorer la vérité quand, dans certains domaines, elle peut être douloureuse.   Dans le bouddhisme, il est toujours préférable de savoir. Le Bouddha affirma : « Je déclare la fin de la souillure pour celui qui sait, pas pour celui qui ne sait pas ». Pour celui qui ne connaît pas la vérité, l’ignorance est un vide. La nature le remplit de fausses connaissances et de désir qui se manifestent sous la forme de dukkha, la souffrance. Il est possible que, si vous êtes attaché à des rails, comme dans un vieux film muet, il soit plus facile de fermer les yeux plutôt que de regarder le train à vapeur qui approche. Cependant, il vaudrait mieux trouver un moyen de défaire les nœuds et de sauter de côté à temps. C'est le point essentiel : lorsqu’il y a un manque de compréhension, la sou...

Frustration à l’égard de la pratique

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Il peut sembler parfois que la réalisation du Dhamma était plutôt facile et simple à l’époque du Bouddha. Mais les textes révèlent à quel point c'était difficile pour la plupart des gens, même à cette époque. La bhikkhuni Siha en fournit un exemple extrême. Après sept ans, elle atteignit un tel état de désespoir à l'égard de sa pratique qu'elle décida de se pendre. Heureusement, les préparatifs qu'elle avait faits pour mettre fin à ses jours lui permirent de prendre conscience de l'impermanence, de dukkha et du non-soi, si profondément qu'elle devint une arahant avant de pouvoir mettre son projet à exécution. Dans le Therigatha, une autre bhikkhuni arahant, Sama, partage ses frustrations et leur résolution finale : Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis que je suis devenue nonne, sans la moindre sérénité. Aucune maîtrise de l'esprit, aucune paix intérieure. Cependant, en me remémorant les enseignements du Bouddha, un profond sentiment d’urgence m’a soudain en...

Le vénérable Anuruddha

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Il est dit que le Vénérable Anuruddha, l'un des grands disciples du Bouddha, était, dans une vie antérieure, un esclave du nom d'Annabhara, appartenant au foyer d'un banquier du nom de Sumana.  Un jour, alors qu’il coupait du foin dans les champs, Annabhara aperçut un samana avec son bol à aumônes. Il interrompit immédiatement son travail et se précipita dans la maison. Il revint avec le riz destiné à son propre repas du matin et l’offrit au samana. Le voyant, la fille de Sumana cria son approbation de cet acte de générosité, ce qui alerta son père. Sumana s’approcha d’Annabhara qui était assis à écouter les paroles de sagesse du samana. Il demanda à Annabhara de partager son mérite avec lui. Annabhara hésita. À mon avis, il se disait : « Je suis ton esclave. Mon corps t'appartient. Maintenant, tu veux aussi mon mérite ? Puis-je ne rien avoir pour moi ? »  Il se tourna vers le samana qui évoqua alors une image parmi les plus belles, les plus anciennes et les plus univer...

Nettoyons notre esprit

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  Un jour, le Bouddha compara le fait de regarder son esprit pendant la pratique du Dhamma à la manière dont un jeune homme ou une jeune femme regarde son reflet dans un miroir ou une bassine d'eau. Si ces jeunes voient une saleté quelconque sur leur visage, ils s’empressent de la nettoyer. S'ils constatent que leur visage est propre, ils en tirent une grande satisfaction. De même, un pratiquant observe son esprit pour voir s'il est souvent souillé par des pensées d'avidité, par des pensées de malveillance, par la paresse et la somnolence, par l'agitation, par l'hésitation, par l'irritabilité, la confusion et d'autres qualités corruptrices. S’il constate que ces souillures sont généralement présentes, il doit faire des efforts vigoureux pour les abandonner, avec le même sentiment d’urgence qu’il pourrait ressentir si son turban ou sa tête étaient en feu. Au contraire, si leur esprit est généralement exempt de telles souillures, les pratiquants peuvent se...

Ne rien prendre pour acquis

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Lorsque je suis arrivé à Wat Pa Pong, Ajahn Chah avait l'habitude de passer une semaine dans un petit monastère annexe situé sur les rives de la rivière Moon. En décembre 1980, j'ai été choisi pour être l'un de ses accompagnateurs lors de cette visite annuelle. C'était une période très heureuse pour moi. Un jour, alors que nous marchions ensemble sur le chemin qui longe la rivière, je m’exclamai sur la beauté du monastère et sur la qualité de l'endroit. Ajahn Chah me regarda et me dit : « Oui, c'est très bien, mais il y a juste une chose ici qui n'est pas encore bien ». Je lui demandai alors quelle était cette chose. Il me répondit « toi ». Le lendemain, en arrivant au Dhamma Hall, je trouvai Ajahn Chah et les autres moines en train de monter dans des véhicules, sur le point de retourner à Wat Pa Pong. Je demandai cinq minutes pour récupérer mes affaires dans mon kuti. Ajahn Chah me répondit que ce n'était pas nécessaire, que je ne rentrais pas avec lui....

Le parfum des fleurs

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  Les références aux fleurs sont omniprésentes dans les textes bouddhistes. Les plus connues font référence aux lotus, dont la beauté née de la boue est un puissant symbole de l'esprit libéré. Les pétales auxquels aucune goutte d'eau n'adhère expriment le non-attachement. Même si le Bouddha préférait que les laïcs rendent hommage au Triple Joyau par leur pratique du Dhamma, il ne refusait pas les offrandes matérielles et les offrandes de fleurs ont toujours été populaires. Néanmoins, un ancien verset encourage les donateurs à se rappeler que les fleurs offertes se faneront et mourront, et qu’il en sera de même pour ceux qui les offrent. Le quatrième chapitre du Dhammapada s'intitule ‘Fleurs’. Dans un verset, il est dit que quelqu'un qui se souvient de paroles sages mais ne les met pas en pratique est comme une belle fleur sans parfum. Celui qui agit en fonction des sages paroles est comme une fleur qui est à la fois belle et parfumée.  Dans un autre verset, le Boudd...

Honte et culpabilité ne doivent pas être confondues

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Hiri désigne la honte engendrée par les actions du corps, de la parole et de l'esprit qui sont entraînées par la souillure. Plus vous réfléchissez au Dhamma, plus votre compréhension des Quatre Nobles Vérités s'affermit, plus elle se renforce. Idéalement, hiri détourne l'esprit des actions malsaines, mais si une telle action a déjà été accomplie, hiri est le sentiment qui accompagne la reconnaissance de ce qui s'est passé, associée à ‘ottappa’, une crainte intelligente des conséquences issues des actions malsaines. En résumé, nous pouvons dire que, concernant les actions malsaines, hiri-ottappa est le sentiment qui résulte de la Vue Juste. Il ne faut pas confondre honte et culpabilité. La culpabilité est un sentiment qui naît d'une vue erronée. Elle suppose l'existence d'une entité permanente et indépendante, d'un moi mauvais. La culpabilité attire l'esprit dans un piège  : penser que se sentir mal dans sa peau est honnête, noble, sincère ; que se se...

Réciprocité

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  La pratique du dhamma est d’une merveilleuse réciprocité. Pratiquer la méditation formelle chaque matin et chaque soir permet d'être plus facilement attentif pendant la journée. Le fait d'être attentif et alerte pendant la journée renforce la méditation formelle.  Le respect des préceptes réduit les états mentaux malsains grossiers, car il permet de les reconnaître et de ne pas agir en conséquence. Il élimine les remords et la culpabilité qui découlent d'actions et de paroles malhabiles. Le respect des préceptes aide donc à débarrasser l'esprit des obstacles à la pratique de la méditation. Pendant la méditation, nous apprenons à abandonner les états mentaux grossiers et malsains qui détournent notre esprit de l'objet sur lequel nous nous concentrons. Comme nous ne nourrissons pas ces états mentaux, ils s'affaiblissent et se manifestent de moins en moins souvent dans la vie quotidienne, ce qui facilite le respect de nos préceptes.  Le Bouddha a dit que les bien...

Cela passera bientôt

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Lorsque j'avais dix ans, ma famille emménagea dans une ville de l'est de l'Angleterre. En hiver, cette ville était balayée par des vents glacials. J'ai rapidement découvert qu'ils venaient de Sibérie. Ce n’étaient pas tant les vents hivernaux ni les journées courtes qui me déprimaient en tant qu’enfant, mais plutôt tous les arbres sans feuilles et dénudés. Ici, en Thaïlande, les arbres perdent leurs feuilles à la saison chaude plutôt qu'à la saison froide. Dans mon ermitage, j'ai planté un grand nombre d'arbres à feuilles persistantes pour éviter que l’endroit devienne trop terne. Néanmoins, au début de la saison chaude, je ressentais souvent une insatisfaction latente face aux arbres dénudés qui m'entouraient, écho de mon aversion d'enfant, et un désir persistant de voir la pluie arriver rapidement pour que la forêt retrouve sa verdure luxuriante. Un jour, j’ai réalisé une vérité que je connaissais depuis longtemps : les arbres se débarrassent d...

La pratique du Dhamma encourage le questionnement

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Le Bouddhadhamma encourage le questionnement. Tout a commencé par des questions dans l'esprit du prince Siddhartha. « Étant moi-même sujet à la naissance, au vieillissement, à la maladie, à la mort, au chagrin et à la souillure, ayant réalisé la souffrance qui leur est inhérente, pourquoi est-ce que je recherche ce qui est également sujet à la naissance, au vieillissement, à la maladie, à la mort, au chagrin et à la souillure ? Et si, étant sujet à la naissance, au vieillissement, à la maladie, à la mort, au chagrin et à la souillure, ayant réalisé la souffrance qui leur est inhérente, je cherchais la sécurité suprême sans âge, sans vieillesse, sans mort, sans chagrin et sans souillure, la sécurité suprême contre la servitude, Nibbāna ? » En tant que bouddhistes, nous sommes encouragés à nous interroger sur notre vie. Par exemple : comment nos actions et nos paroles affectent-elles nos états mentaux ? Quelle quantité de richesses matérielles est suffisante ? Suffisante pour quoi ? ...

Porter à l'esprit et garder à l'esprit

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La pleine conscience consiste à porter à l'esprit et à garder à l'esprit. Dans la vie quotidienne, lorsqu'une situation le demande, nous évoquons un précepte. Par exemple, au cours d’une conversation, une envie de mentir est immédiatement suivie par le souvenir de notre engagement à ne pas mentir, et est donc abandonnée. La fréquence à laquelle ce rappel survient précisément au moment où nous en avons besoin est conditionnée par notre capacité à garder notre engagement à l'esprit. Ainsi, notre conscience du moment présent est informée par nos préceptes, et ceux-ci deviennent réels grâce à notre conscience du moment présent. Un autre exemple : pendant la méditation, nous gardons notre objet à l’esprit, et, au bon moment, nous nous souvenons des conseils de nos maîtres. Des paroles pleines de sagesse peuvent également être évoquées avec beaucoup d'efficacité. Lorsque l'esprit tombe dans le piège de vibhava tanhā (“Je ne veux pas de ça !”, “Pourquoi moi? Va-t'e...

L’exercice de l’attention

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La pleine conscience, comme un muscle, se renforce grâce à un exercice fréquent. Cela a pour effet d’atténuer nos réactions conditionnées au flux constant de ressentis de plaisir, de déplaisir et d'indifférence. Alors qu'auparavant nous nous accrochions automatiquement aux sensations agréables et repoussions les sensations désagréables, la pleine conscience nous offre désormais un espace. Dans cet espace, nos valeurs peuvent s'affirmer et nous sommes en mesure de faire des choix en harmonie avec elles. L'action sage remplace les réactions dues à l'ignorance. Le Dhamma est « sanditthiko », vérifiable. Nous pouvons voir par nous-mêmes l'apparition des résultats d'actions volontaires antérieures dans l'esprit. Nous pouvons également constater qu'ils n'ont pas besoin d'exercer un pouvoir sur nous. Ils ne sont pas notre destin. Plutôt que des commandements, ils sont reconnus comme des invitations. Moins nous sommes attentifs, plus notre vie est dé...

Une carte fiable pour traverser le chaos

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  Le Bouddha a révélé de nombreuses vérités éternelles (akālika) sur la façon dont les choses sont. Il a également enseigné des moyens habiles de réaliser ces vérités, qui sont aussi pour la plupart éternelles, mais qui peuvent parfois être spécifiques à l'époque et au lieu où il vivait. Comment les différencier ? Un indice peut être trouvé dans ses références au futur. Le Bouddha n'a pas fait de prophéties. Mais il a parlé des causes et des conditions de l'épanouissement et des causes et des conditions du déclin du Sangha. Il est clair qu'il s'agit, par définition, de facteurs durables et qui ne se limitent pas au cinquième siècle avant notre ère en Inde. Par exemple, le Bouddha a enseigné que les facteurs nécessaires au bien-être à long terme des communautés monastiques incluent des réunions fréquentes et régulières au cours desquelles les affaires du Sangha sont menées en harmonie, le respect des règles de formation (sans rien ajouter ni retrancher), le respect d...

Sīla

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Sīla se distingue des autres codes moraux par certaines caractéristiques uniques : 1.⁠ ⁠Les préceptes bouddhistes ne sont pas des commandements. Il n’y a pas de concept de créateur divin ou d’inspecteur qui récompense le respect des préceptes et punit les transgresseurs. 2.⁠ ⁠Chaque précepte doit être pris volontairement, en reconnaissant à la fois sa valeur en tant qu'outil éducatif de la conduite, ainsi que la souffrance pour soi-même et pour les autres susceptible de se produire si on ne le respecte pas. 3.⁠ ⁠Sīla ne peut être bien pratiqué que s'il s'accompagne d'un entraînement du cœur, en particulier le développement des vertus de la pleine conscience, la bienveillance et la patience (khanti). 4.⁠ ⁠Sīla est souillé si le respect des préceptes entraîne un sentiment de supériorité envers ceux qui ne les respectent pas. 5.⁠ ⁠Sīla est souillé si l'on observe les préceptes avec l’intention de gagner une renaissance céleste. 6.⁠ ⁠L'observance des préceptes doit ...

La question n’est pas de devenir rien

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Récemment, j'ai discuté avec quelqu'un qui arrive à la fin d'une carrière prospère et enrichissante. Il m’a dit qu’il se sentait plus motivé que jamais au travail, mais que, à la maison, il était devenu sujet à des épisodes de dépression. Nous avons discuté de la manière dont l'identification à un rôle rend la séparation douloureuse. J’ai aussi parlé de l'équilibre entre le sentiment d'être quelqu'un et celui de n'être personne. À la fin de notre échange, il semblait plein d'énergie et me dit qu'il allait essayer d'apprendre à n'être personne. Je lui ai répondu : « Non, ce n'est pas ce que je vous ai dit. La question n’est pas de devenir quelque chose, ni même de devenir rien. Il s'agit de se transformer en ce qui est déjà et a toujours été ». Nous pouvons être conscients des formes et des sons, du chaud et du froid, du goût et de l'aversion, du plaisir et de la souffrance, etc. Chaque chose connue possède ses qualités distinc...

Renoncer aux petits plaisirs

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Un jour, le Bouddha parla de moines qui se plaignaient de certaines des choses auxquelles il leur demandait de renoncer. Leur attitude était la suivante : « J'ai déjà renoncé à tant de choses, je n'ai sûrement pas besoin de renoncer aussi à ce petit plaisir ». D'autres moines considéraient les choses difficiles à abandonner comme des bagatelles et les abandonnaient en raison de leur foi en la sagesse et la compassion du Bouddha. Leur attitude était la suivante : « J'ai déjà renoncé à tant de choses, je peux aussi renoncer à ce petit plaisir. » Le Bouddha comparait les premiers moines à des cailles attachées à des lianes creuses et pourries, confrontées à la mort. Les lianes pourries sont pour eux comme des jougs solides. Les moines du second groupe sont comparables à des éléphants royaux qui peuvent rompre les solides liens de cuir qui les retiennent simplement en se tordant. Pour eux, les courroies robustes ne sont rien de plus que des lianes pourries.  Si votre maison...

Quitter le foyer

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Dans toute l'Asie, les gens quittent leur famille à la campagne pour aller travailler dans la capitale, voire à l'étranger, parfois pendant plusieurs années. Cela s’avère difficile pour tous, mais la quête de la richesse dans une terre lointaine est souvent considérée comme le moyen le plus efficace d'assurer la prospérité future de leur famille. Il y a un parallèle avec le renoncement du Bouddha. Il quitta sa demeure pendant sept ans avant de revenir avec un don bien plus précieux pour sa famille : la richesse spirituelle. Il put aider son père et sa belle-mère, sa femme et son fils à devenir arahants, ainsi que des cousins tels que les Vénérables Ananda et Anuruddha. On a reproché au Bouddha d'avoir abandonné sa famille au milieu de la nuit. Cependant, la version traditionnelle avec les danseuses endormies, un dernier regard à sa femme et à son fils, n’apparaît pour la première fois que dans le poème épique Buddhacarita d’Asvaghosa, composé plus de cinq cents ans ...

Nous nous prosternons

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Même avec des enseignants qui se soucient tant de nous et nous offrent tant d’enseignements sages, nous trouvons notre progression sur le chemin lente et difficile. Combien plus difficile serait-elle sans enseignant ! Et comme il est merveilleux que le Bouddha ait atteint l’éveil seul ! Il a totalement éliminé toute souillure mentale, atteignant la perfection et la vertu absolues, la sagesse et la compassion sans que personne ne lui montre le chemin. C’est pour cela que nous nous prosternons à ses pieds. Même parvenir à expliquer des choses très simples aux gens que nous connaissons et que nous aimons peut être un véritable défi. Comme il est merveilleux que le Bouddha ait réussi à transmettre les enseignements les plus profonds par des mots qui touchent le cœur des gens du monde entier depuis plus de 2600 ans ! Pour son habileté, sa patience et son enseignement du Dhamma, nous nous prosternons à ses pieds. Même fonder une famille, une organisation ou un institut qui perdure et prospèr...

Renoncer aux attachements

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  Renoncer aux attachements semble intimidant parce que nous avons l'impression qu'il nous est demandé de renoncer à des choses qui nous procurent beaucoup de plaisir, ou, du moins, plus de plaisir que de souffrance. Si nous persistons à voir les choses ainsi, le renoncement au sens bouddhiste du terme n’est pas possible. Le véritable renoncement ne peut se produire qu’en voyant les choses clairement. En observant encore et encore notre esprit, nous réalisons qu’en réalité, le plaisir que nous tirons de nos attachements est bien moindre que ce que nous pensions, et la souffrance bien plus grande. Lorsque nous voyons cette vérité avec un esprit paisible, nous nous débarrassons de nos attachements sans regret. Ajahn Chā disait qu’il en est de même que pour un pêcheur qui attrape un serpent venimeux dans un filet en le prenant pour une anguille. Dès qu'il réalise son erreur, il le lance aussi loin que possible. Ajahn Jayasāro

Comment récupérer un trésor

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Un jour, Ajahn Chah a dit à ses disciples : « C'est comme si nous mettions la main dans un trou pour récupérer un trésor. Lorsque nous n'arrivons pas à atteindre le trésor, nous disons : « Je ne peux pas. Le trou est trop profond. » Tout le monde dit que c’est de la faute du trou. Jamais personne ne dit qu’il a le bras trop court. De même, lorsque nous nous plaignons que le Dhamma est trop difficile, c'est simplement que notre effort n'est pas suffisant.  Bien que nous ne soyons pas capables de rallonger notre bras, nous pouvons améliorer la qualité de notre effort. Si notre vie est précieuse, chaque instant de celle-ci doit l'être aussi. Plus nous verrons clairement à quel point chaque instant de cette naissance humaine est précieux, plus il nous semblera naturel de faire des efforts dans la pratique du Dhamma. Ajahn Jayasāro

Abandonner les états mentaux négatifs

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La plupart des gens ont tendance à considérer le bonheur comme quelque chose à poursuivre et à atteindre. C'est pourquoi, d'une façon ou d'une autre, il semble toujours se situer dans le futur. Nous nous disons : « Dès que j'aurai fait ceci ou accompli cela, je serai heureux. » Mais en méditant, nous découvrons que le bonheur profond peut être vécu dans le moment présent, lorsque nous abandonnons les états mentaux négatifs qui enveloppent l'esprit. Dès que nous réalisons que ces états mentaux négatifs ne sont plus présents, nous ressentons une grande joie et un grand sentiment de bien-être. Le Bouddha compara ce bonheur à celui que ressent une personne qui s'affranchit de ses dettes, qui guérit d'une maladie grave, qui est relâchée de prison, qui est libérée de l'esclavage, qui retrouve le chemin de la sécurité après s'être égarée dans le désert. Ajahn Jayasāro  

La tête et le cœur

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  Lorsque nous agissons, sachant que nos intentions sont pures, il est facile de devenir négligent. Nous pouvons ainsi ignorer les réactions des gens qui indiquent un doute, un malaise ou un désaccord. Nous allons de l’avant, persuadés que nous faisons une bonne chose. Mais si nous ne recevons pas le soutien attendu et que nos efforts sont vains, nous pouvons nous décourager et voir diminuer notre volonté de faire le bien dans le monde. Bien sûr, les bonnes intentions sont essentielles. Toutefois, elles doivent être accompagnées d'attention et de sagesse. Nous devons prendre en considération le côté pratique et la méthode. Nous devons être conscients du temps et du lieu. Nous devons anticiper les objections et être prêts à y répondre. Nous devons envisager les conséquences à court et à long terme, et explorer d'autres plans possibles. Pour que nos bonnes actions soient efficaces et durables, la tête et le cœur doivent être de bons amis et de bons alliés. Ajahn Jayasāro