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La mesure du progrès

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Le Bouddha a enseigné de cultiver certaines perceptions sages (saññā). Celles-ci servent à remplacer les perceptions automatiques qui résultent des souillures et causent de la souffrance. Les cultiver, a-t-il déclaré, « porte beaucoup de fruits, est d'un grand bénéfice et culmine dans le sans-mort. » En enseignant la perception de l'impermanence, le Bouddha a dit : « Lorsqu'un bhikkhu demeure souvent avec l’esprit accoutumé à la perception de l'impermanence, son esprit se détourne du gain, de l'honneur et de la louange, s'en écarte, se tortille pour y échapper et n'est pas captivé par eux. Soit l'équanimité ou la répulsion s'installent en lui. C'est comme une plume de coq ou un morceau de tendon qui, jeté dans le feu, s'en écarte, se tortille pour y échapper et n'est pas captivé par lui. » Inversement, si le moine constate que son esprit est toujours enclin au gain, à l'honneur et à la louange, il doit considérer cela comme un signe q...

Quelques citations pleines de sagesse

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  J'ai toujours aimé noter des citations pleines de sagesse. Mes premiers carnets sont maintenant moisis, mais voici quelques citations choisies au hasard, bouddhistes ou non, issues d’une véritable mine d’or numérique. « Avant de pratiquer le Dhamma, beaucoup de choses vous font souffrir et peu de choses vous rendent heureux. Si vous pratiquez correctement le Dhamma, vous constaterez que de moins en moins de choses vous font souffrir et que de plus en plus de choses vous rendent heureux. » - Somdet Phra Buddhaghosajan « Laissez les pensées aller et venir mais ne leur servez pas le thé. » - Shunryu Suzuki « Il faut constamment se battre pour voir ce qui se trouve au bout de son nez. » - George Orwell «  L'expression de soi est le conformisme de notre temps. » - Adam Curtis « Une société mourante, invariablement, devient rude et grossière. La perte de la politesse et des bonnes manières est plus significative qu'une émeute. » - Robert Heinlein « Dans une discussion animée, v...

La place de l’étude théorique dans la pratique du Dhamma

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Lorsque j'étais jeune moine, l'étude théorique du Dhamma était écartée dans certains cercles. Ils considéraient l’étude superflue et même préjudiciable à la pratique. L'idée était qu’elle encombre l'esprit de concepts qui entravent plutôt qu'ils n'aident la capacité à regarder directement l'esprit. C'était une perte de temps, une indulgence. Quelle est la légitimité de ce point de vue ? L'étude est-elle bien nécessaire ? Si oui, dans quelle mesure ? Il est vrai que l'étude peut devenir une fin en soi et distraire de la pratique. Elle peut même finir par la remplacer complètement. Lorsque la lutte contre les obstacles semble sans fin, la gratification que procure la compréhension intellectuelle est séduisante.  Cela dit, les enseignements du Bouddha proposent une nouvelle façon d'appréhender l'expérience. Celle-ci doit être comprise et digérée sur le plan conceptuel avant de pouvoir être intégrée au niveau non-conceptuel. Certains enseigne...

Méditez, ne soyez pas négligents

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Pendant longtemps, dans le monde occidental, parfois par ignorance, parfois intentionnellement, le Nibbāna, but ultime de la pratique bouddhiste, a été présenté à tort comme une extinction totale, une annihilation, un néant. Et ce, malgré les nombreux passages dans lesquels le Bouddha réfute une telle interprétation. En réalité, le Nibbāna signifie une extinction et une annihilation totales, mais uniquement sur le chemin qui y mène. Pour réaliser le Nibbāna, l'avidité, l'aversion et l'illusion doivent être complètement détruites. En tant qu'état inéxprimable par des mots, il n'est pas surprenant que le Nibbāna soit généralement décrit par ce qu'il n'est pas. Cela peut être comparé à définir la santé physique par l’absence de maladies spécifiques (pas de cancer, pas de problèmes cardiaques, etc.). Dans le texte Asaṅkhatasamyutta (S.N. 43), on trouve des termes plus positifs pour décrire le Nibbāna : « l'éternel », « le paisible », « le sublime », « l'...

Notre relation avec les faits

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  Auparavant, les faits étaient des choses solides et fiables. Les gens les brandissaient comme des atouts, disant : « Et voilà les faits... », et ils balayaient tout sur leur passage. Aujourd'hui, les faits sont devenus des choses éthérées, insaisissables. Vous avez peut-être vos faits, mais j'ai les miens. De nos jours, le torrent d'informations est pratiquement empoisonné à mort par la désinformation et la mésinformation. Plus notre accès au monde des « faits » augmente, plus notre esprit se referme. Que faire ? En tant que méditants, nous surveillons constamment nos intentions et nos états mentaux. Nous nous interrogeons : que voulons-nous croire ? Pourquoi ? Nos croyances sont-elles importantes pour maintenir les idées que nous nous faisons de nous-mêmes et auxquelles nous nous attachons ? Prenons-nous des mesures pour protéger nos croyances contre toute remise en question ? Comment nous sentons-nous lorsqu'elles sont remises en question ? Nous observons notre tend...

Il y a des noirs, des blancs et des gris. Quelles relations entretiennent-ils ?

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Quelques pensées en passant. Penser en termes de “nous” et “eux” est une pollution qui rétrécit et enflamme l’esprit. “Nous sommes bons et ils sont mauvais”, “nous avons raison et ils ont tort”, “nous sommes innocents et ils sont coupables”, risque de transformer la vie en un dessin animé pour enfants. Dans le Dhammapāda, le Bouddha dit que « ils m'ont maltraité, ils m'ont attaqué, ils m'ont vaincu, ils m'ont volé », sont des pensées qui alimentent l'inimitié et n'aboutissent jamais à sa cessation. Nous devons abandonner les souillures, telle que la colère, plutôt que de chercher à les justifier. Stimuler les émotions, en particulier avec des mots comme « honneur » et « dignité », conduit à des gains à court terme et à un déclin à long terme. Garder la tête froide et examiner sans parti pris tout ce qui a contribué à un conflit malheureux, crée les conditions propices à une résolution durable. Imaginer qu’on analyse la question du point de vue d’un chercheur en ...

Les dangers de s’adonner aux plaisirs des sens

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Dans le Potaliya Soutta (MN54), le Bouddha énumère une série de comparaisons frappantes pour illustrer les inconvénients et les dangers de s’adonner aux plaisirs des sens. 1.⁠ ⁠Un chien affamé ronge désespérément un os sans viande et couvert de sang. Il ne peut pas assouvir sa faim en agissant ainsi, il ne peut que devenir de plus en plus épuisé et frustré. 2.⁠ ⁠Un rapace vole un morceau de viande, mais d'autres oiseaux le poursuivent et le déchirent avec leur bec et leurs serres. Beaucoup de gens désirent les plaisirs sensuels. S’y accrocher fait de nous une cible pour la jalousie, l’hostilité et la violence. 3.⁠ ⁠Quelqu’un tient une torche enflammée contre le vent et se brûle en marchant. Les plaisirs sensuels sont néfastes pour le bien-être physique et mental lorsqu'ils sont consommés. 4.⁠ ⁠Une personne est traînée vers une fosse remplie de braises ardentes. Le karma généré par le désir pour les plaisirs des sens la traîne contre son gré vers des souffrances futures. 5.⁠ ⁠Un...

Ne pas confondre la fin et les moyens

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  L'esprit non éclairé a tendance à transformer les moyens en fins. L'exemple le plus évident est celui de l'argent. Lorsque l'accumulation de richesses devient une fin en soi, toutes sortes de choses toxiques s'ensuivent, personnelles et sociales. Le Bouddha n'a pas critiqué l'acquisition de richesses en tant que telles. En revanche, il a condamné l'accumulation des richesses. Il a enseigné que les richesses devaient être acquises de manière éthique et utilisées pour notre propre bonheur et bien-être, ainsi que celui des autres. Dans le bouddhisme, la foi est envisagée comme un moyen plutôt que comme une fin. Elle dynamise l'esprit en clarifiant les objectifs et les valeurs. Toutefois, elle doit également être gouvernée par la sagesse, car elle peut facilement conduire à la superstition et au fanatisme en cas d'excès. Cette vision nuancée de la foi est inhabituelle, car dans de nombreuses sociétés, la foi est envisagée comme une fin en soi. Le f...

Les léopards ne peuvent pas changer leurs taches

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Il est vrai que les léopards ne peuvent pas changer leurs taches. Mais cela ne signifie pas nécessairement que les êtres humains sont incapables d'opérer des changements transformateurs dans leur vie. Les analogies et les métaphores ne sont que des illustrations de points de vue ou de croyances, elles ne sont pas des preuves de ces derniers. Le manque de patience face à l'incertitude, associé au plaisir que procure la conviction d'avoir enfin compris quelque chose, nous rend enclins à l'erreur. Nous pouvons nous persuader que nous comprenons quelque chose simplement parce que nous disposons d'une métaphore frappante pour y faire référence. Il est bon d'examiner les métaphores qui influencent notre vie. Deux choses ne sont jamais exactement identiques dans tous les détails. Pourquoi pensons-nous que, dans le cas présent, il existe suffisamment de parallèles pour que la métaphore soit valable ? Dans quelle mesure, par exemple, nos attachements les plus profonds so...

Vassa : un temps privilégié pour la pratique

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Hier a démarré le Vassa ou retraite des pluies de trois mois. Le Vassa a été instauré par le Bouddha en réponse aux critiques exprimées par les laïcs à l'encontre du sangha. « Comment les moines Sakyan peuvent-ils déambuler pendant la saison des pluies ? Ils piétinent l'herbe verte, oppriment la vie et détruisent de nombreuses petites créatures. Même les moines d'autres religions, avec leurs enseignements imparfaits, s'installent pour la saison des pluies. Même les oiseaux font leur nid au sommet d'un arbre et s'y installent pour la saison des pluies, mais pas les moines Sakyan.» Pendant le Vassa, les déplacements sont fortement limités et les moines ne peuvent s'absenter de leur monastère plus de sept jours. Dans les monastères de la forêt thaïlandais, l'accent est mis sur la méditation formelle et l'étude du Vinaya. En Thaïlande, de nombreux bouddhistes laïcs adoptent des pratiques spécialement pour le Vassa ; la plupart sont liées au sīla. Ceux qu...

La mémoire joue un rôle essentiel dans notre attachement à notre identité

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Dans le cadre de nos efforts pour lâcher prise de notre attachement à notre identité (sakkāyaditthi), nous réfléchissons aux idées que nous construisons à propos de nous-mêmes et qui nous lient au samsāra. La mémoire joue un rôle essentiel dans ces idées. Le degré auquel elle contribue à notre croyance en un 'soi' immuable derrière l'expérience peut être mesuré par la détresse ressentie face à des maladies comme la maladie d'Alzheimer, qui entraînent une perte grave de la mémoire. Voici quelques faits qui révèlent la nature fragile, peu fiable et l’absence de « soi » de la mémoire, afin de nourrir notre réflexion. Aux États-Unis, 70 % des condamnations injustifiées qui ont été annulées grâce à des preuves ADN impliquaient une identification erronée par des témoins oculaires. Il existe de nombreux cas où des suspects vulnérables ont subi des pressions psychologiques pour avouer des crimes. Ces pressions ont conduit des personnes innocentes à créer et à croire en la vérac...

Les pensées concernant le passé et le futur

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Du point de vue bouddhiste, être dans l’instant présent signifie être conscient des phénomènes mentaux en tant que phénomènes mentaux, et non en tant que 'soi' ou appartenant au 'soi'. Cela ne nécessite pas l'absence de pensées sur le passé ou l'avenir, mais simplement de reconnaître qu'elles ne sont que cela, des pensées. Le passé et le futur sont des noms donnés à des souvenirs et à des pensées qui se produisent actuellement. Les problèmes surgissent lorsque nous oublions cette vérité. Sur le chemin de la pratique, les souvenirs et les pensées ne doivent pas être rejetés d'emblée, mais utilisés avec sagesse lorsque c’est approprié. Dans MN39, le Bouddha enseigne qu’un moine qui médite ressent de la joie et du bonheur en constatant l'absence actuelle des souillures qui l’obstruaient auparavant. Ici, les états d’esprit passés doivent être comparés à l’état d’esprit présent pour renforcer la méditation. Dans AN78, les moines sont encouragés à réfléchi...

L'explorateur intérieur

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L'explorateur se retrouve dans une grotte souterraine plongée dans l'obscurité totale, sans aucune lumière pour le guider. Il sent la panique l’envahir. Il inspire profondément et se détend. La panique s'estompe. Il reste immobile et alerte. Petit à petit, ses yeux s'habituent à l'obscurité. Il remarque que l’obscurité n’est pas uniforme, mais qu’elle varie en intensité. Il discerne un motif parmi les zones les plus claires qui suggère la présence d’une source de lumière extérieure. Debout, immobile, il entend le léger et lointain chant des oiseaux. Il sent un léger souffle d'air frais lui caresser la joue. Il comprend alors : « J’ai trouvé mon chemin pour arriver ici donc je peux trouver mon chemin pour en sortir. » Plongé dans l'obscurité de son esprit, l'explorateur intérieur ne panique pas. Il calme sa respiration, détend son corps. Il stabilise son esprit et observe. Après un certain temps, il remarque que l'obscurité n'est pas totale, qu...

Une technique Hirrr

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  Un de mes plus jeunes étudiants est chevrier. Hier, je lui ai demandé de me parler de son travail. Quels conseils donnerait-il à un débutant ? Il répondit modestement : « C’est très simple, en fait. Quand on veut que les chèvres avancent, on crie ‘Hirrr !’ et quand on veut qu'elles viennent vers nous, on crie ‘Yeu Yeu !’. Si des renards s'approchent des chèvres, on les chasse ou on leur jette des pierres. » Il me confia ensuite qu'il ne savait pas vraiment ce que signifiait ‘Hirrr !’, mais que cela n'avait pas d'importance, car les chèvres le savaient. Je fus très impressionné par cette sagesse. Parfois, les méditants découvrent par hasard des moyens d'éliminer les obstacles de leur esprit. Après un certain temps, ils commencent à s'inquiéter. Ils demandent à des enseignants comme moi si cette approche est acceptable. Est-il acceptable d'utiliser un moyen habile qui ne se trouve pas dans les livres ? Ils ne comprennent pas pourquoi cela fonctionne, mai...

Amies pour toujours

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  Mettā dit : « Qu'il soit heureux ! » La compassion dit : « Qu'elle soit libérée de la souffrance ! » Ce sont des qualités nobles. Par contre, l'équanimité, leur collègue, est rabat-joie. Elle pose des questions qui ont un effet refroidissant telles que : « Quels précédents cela crée-t-il ? Quel sera l’impact de votre acte de gentillesse sur l'ensemble du groupe ? »  Mettā rayonne à nouveau : « Qu'il soit heureux ! » L'équanimité réplique : « Es-tu sûr que rendre cette personne heureuse ne rendra pas les autres malheureux ? Quels sont les enjeux ici, exactement ? »  Mettā : « Des enjeux ? Comment peux-tu utiliser des mots pareils pour parler de questions spirituelles ? » La compassion dit : « Elle a mal agi. Pardonnons-lui et oublions. » L'équanimité dit : « Si tu fais cela, certaines personnes se sentiront enhardies. Elles diront : « Elle s'en est tirée, alors moi aussi je peux le faire. » D'autres diront : « Je ne me sens pas en sécurité. Ceux qui...

La bonté doit être intégrée

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L’une des façons dont les gens justifient leur dureté et leur égoïsme est d'affirmer que ce sont des traits qui permettent de « réussir dans le monde réel ». La bonté, disent-ils, est admirable, mais elle vous rend faible et crédule. Au fil des années, j’ai parlé avec tant de parents — des pères en particulier — qui veulent que leurs enfants soient bons, mais pas trop bons. Ils redoutent que s'ils sont trop bons, ils ne puissent pas survivre dans le monde d'aujourd'hui, qu’ils soient piétinés par des gens sans scrupules. Il est toujours frappant de constater avec quelle assurance certaines personnes affirment des idées auxquelles elles n’ont jamais véritablement réfléchi. Cela est particulièrement évident lorsque la conversation porte sur la religion. Concernant la bonté, je fais remarquer à ces personnes que, dans le bouddhisme, une personne faible et crédule ne serait pas considérée comme véritablement bonne,  tout comme une personne impitoyable et égoïste ne serait p...

La perspective bouddhiste de la personnalité

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Classifier les personnalités humaines est une pratique très répandue depuis très longtemps. L'astrologie, avec ses douze signes du zodiaque, est probablement la classification la plus ancienne. D'autres systèmes sont devenus très connus au cours du siècle dernier, notamment l'ennéagramme, qui distingue neuf types de personnalité, et le modèle Myers-Briggs, qui en compte seize.  Ces systèmes ont tous en commun leur caractère persuasif. Plus les gens se regardent eux-mêmes et les autres à travers ces catégories, plus celles-ci semblent exactes. Dans le bouddhisme, l'essentiel n'est pas de savoir dans quelle catégorie de personnalité on entre, mais quelle relation l’on entretient avec cette personnalité. L'attachement à la personnalité, quelle que soit sa nature, est au cœur de la souffrance. La pratique du Dhamma consiste à apprendre à voir la réalité impermanente, insatisfaisante et non personnelle, de tout ce à quoi nous nous accrochons comme étant le soi ou app...

Aristote et Galien

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  Aristote et Galien ont exercé une influence déterminante sur la médecine occidentale. Il est étonnant de constater que leurs idées erronées ont été acceptées très longtemps. Aristote, par exemple, croyait que le cœur physique était le siège de la cognition, car ses battements le faisaient paraître « vivant ». Le cerveau, en revanche, lui semblait « froid et inerte » et constituait donc un simple organe de refroidissement. Il a également appliqué à la reproduction humaine son idée philosophique selon laquelle la forme vitale modèle la matière inerte, ce qui a renforcé des idées misogynes pendant des siècles. Les idées de Galien sont devenues des dogmes qui ont paralysé le progrès de la médecine pendant plus de mille ans. Il croyait notamment que le sang circulait dans une seule direction, qu'il était créé dans le foie et consommé dans l'organisme. Il était partisan de la dissection, mais uniquement sur les animaux. Sa profonde conviction que le corps humain, tel qu'il le c...

Comment vérifier l’authenticité d’un enseignement

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Il y a environ cinquante ans, l'un des grands disciples de Luang Pu Mun enseignait à l'étranger. Un homme de la région vint le voir, impatient de lui parler des visions bénies qu'il avait eues en méditation du fondateur de sa religion. Lorsqu'il demanda à Luang Pu comment un bouddhiste interpréterait son expérience, il reçut cette réponse bienveillante : « Nous appelons cela des nimittas, qui apparaissent dans un esprit paisible. » Récemment, j'ai entendu parler d'un bouddhiste laïc qui prétend avoir une relation personnelle avec le Bouddha. Naturellement, il considère donc qu'étudier les textes est inutile. Sur la Voie du Milieu, il semble croire qu'il a éliminé l'intermédiaire. Durant les dernières semaines de sa vie, le Bouddha a donné des enseignements au Sangha pour les iader à se préparer pour l'avenir. Il a dit : « Vous entendrez peut-être un moine dire des paroles qu'il prétend avoir entendues directement de moi ; ou il dira les avoir...

La distinction entre mettā et bienveillance

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La distinction entre mettā et la bienveillance générale envers les autres réside dans sa nature inconditionnelle. La bienveillance peut être limitée par l’avidité, la colère, la vanité, les préjugés raciaux, culturels ou religieux. Elle peut diminuer et disparaître complètement lorsque les autres nous font du mal, nous font peur, causent de la souffrance ou constituent une menace pour ceux que nous aimons. Mettā est quelque chose de tout à fait différent. Pour souligner ce point, le Bouddha a donné un exemple mémorable : « Bhikhus, même si des bandits vous découpaient sauvagement membre par membre avec une scie à deux poignées, celui qui éprouverait de la haine à leur égard ne suivrait pas mon enseignement. Bhikhus, vous devez vous entraîner ainsi : « Notre esprit restera imperturbable et nous ne prononcerons aucune parole malveillante. Nous demeurerons remplis de compassion pour leur bien-être, avec un esprit de mettā, sans haine intérieure. Nous diffuserons un esprit rempli de mettā,...

Couper la souffrance à la racine

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  En tant qu'êtres humains, nous avons tendance à nous attacher aux choses comme étant « moi » ou « à moi ». Cela cause de la souffrance. Notre problème est que nous pouvons nous attacher à tout ce que nous expérimentons en le qualifiant de « moi » et de « à moi ». Bref, la vie n'est pas facile. Certains états mentaux rendent les choses plus difficiles qu'elles ne devraient l'être, tandis que d'autres peuvent réduire, voire éliminer complètement la difficulté. Bouddha : « En s'attardant sur la satisfaction que procurent des choses auxquelles on peut s'accrocher, la soif augmente. Avec la soif comme condition, l'attachement naît… Telle est l'origine de toute cette masse de souffrance. » « Si toutes les racines d'un grand arbre, celles qui descendent vers le bas et qui partent en travers, canalisent la sève vers le haut, nourri de cette sève, l'arbre peut vivre longtemps. » ...  « En s'attardant sur la souffrance inhérente aux choses auxque...

Le grand trésor sous nos pieds

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De nos jours, le terme « religion » est souvent employé comme s'il désignait une seule et même chose. La plupart des commentaires sur le sujet, qu'ils soient positifs ou négatifs, prennent pour exemple les religions monothéistes nées au Moyen-Orient. C'est comme si on prenait le football comme exemple pour tous les sports, y compris ceux qui n’utilisent pas de ballon. Le bouddhisme ne se définit pas par des dogmes. C'est une religion qui se concentre uniquement sur les deux questions majeures de la vie humaine : la souffrance et le bonheur. Elle affirme enseigner comment réduire et finalement éliminer la souffrance dans le cœur humain, et comment créer et cultiver le vrai bonheur. Ces affirmations ne sont pas destinées à être des objets de foi ; elles sont conçues pour être testées empiriquement. Mettre les enseignements à l'épreuve de l'expérience, c’est rendre hommage au Bouddha. Récemment, il est devenu très populaire chez les jeunes Thaïlandais urbains de tr...

Upāli Sutta

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  Une des caractéristiques du bouddhisme est qu'il ne reconnaît aucun mérite à essayer de convertir des personnes d'autres croyances. La noblesse de cette attitude peut se constater dans l'Upāli Sutta (MN 56). Upāli est un disciple laïc des Jaïns très connu, qui, suite à un débat avec le Bouddha, s'exclame : « C'est comme si le Bienheureux redressait ce qui est renversé, ou révélait ce qui est caché, ou indiquait le chemin à celui qui s'est perdu, ou tenait une lampe dans l'obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir... Je prends refuge auprès du Bouddha, du Dhamma et du Sangha. Dorénavant, que le Bouddha se souvienne de moi comme étant un disciple laïc qui a pris refuge pour la vie. » À sa grande surprise, le Bouddha lui dit de ne pas se précipiter. Upāli est une figure connue de la société. Avant de prendre une décision aussi radicale, il devrait y réfléchir à deux fois. Upāli dit : « Toute autre secte, apprenant que je me convertissais à leurs ...

Comment la destruction des souillures se produit-elle ?

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« Pour celui qui sait quoi, qui voit quoi, comment la destruction des souillures se produit-elle ? Telle est la forme, telle est son origine, telle est sa disparition ; telle est la sensation... telle est la perception, telles sont les formations volitives... telle est la conscience, telle est son origine, telle est sa disparition : c'est pour celui qui sait ainsi, qui voit ainsi, que la destruction des souillures a lieu. » (SN12.23) Dans ce sutta, le Bouddha décrit les causes immédiates ou les conditions vitales qui conduisent à la destruction des souillures. Je vais discuter ici d'une partie de la liste : « Je dis, bhikkhus, que la connaissance et la vision des choses telles qu'elles sont ont une cause immédiate ; elles ne manquent pas de cause immédiate. Et quelle est leur cause immédiate ? Vous devriez dire la concentration (samādhi). » Le Bouddha révèle que la cause immédiate du samādhi est la félicité (sukha) ; la cause immédiate de la félicité est la tranquillité (pa...

La tête n'est pas plus le 'moi' que la plante des pieds

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Une nuit, la semaine dernière, je me suis réveillé aux petites heures. J'ai regardé l'horloge, j'avais dormi un peu plus d'une heure. Soudain, j'ai compris pourquoi je m'étais réveillé. Un insecte s'était introduit dans mon oreille et battait des ailes, probablement pris de panique. J'ai allumé ma lampe de poche et l'ai dirigée vers mon oreille. Finalement, l'insecte fit la chose la plus spirituelle qui soit, il s'échappa vers la lumière. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait, et je savais quoi faire. J'espère qu'aucun d'entre vous qui lisez ces lignes n'a jamais eu à vivre l'expérience d'une petite créature en proie à une crise de panique dans votre tête. Cependant, en tant que méditant, cela peut avoir un côté bénéfique. La tête est le siège physique de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et, apparemment, de l'activité mentale. Notre sens du 'moi' est fortement lié à la ...

Les manifestations de respect

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Dans ma tradition, les moines manifestent leur respect pour leurs aînés en s’inclinant lorsqu'ils entrent ou quittent leur présence, en joignant les mains en anjali lorsqu'ils leur adressent la parole, en ne se tenant pas debout devant eux lorsque ces derniers sont assis, en marchant un demi-pas derrière eux lorsqu'ils marchent ensemble, etc. Il existe de nombreuses règles. Elles deviennent vite une seconde nature. En suivant ces conventions, un moine montre avant tout son respect envers le Vinaya. Les sentiments que le moine junior peut éprouver pour le moine aîné n'ont aucune importance. Il est généralement, mais pas toujours, préférable (sans que cela soit indispensable) que les moines aînés inspirent le respect sur le plan personnel. Si c’est le cas, leur rendre hommage peut être une expérience joyeuse. Mais considérer comme hypocrite le fait de rendre hommage à quelqu'un que l'on ne respecte pas vraiment sur le plan personnel reviendrait à se méprendre com...