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La tête n'est pas plus le 'moi' que la plante des pieds

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Une nuit, la semaine dernière, je me suis réveillé aux petites heures. J'ai regardé l'horloge, j'avais dormi un peu plus d'une heure. Soudain, j'ai compris pourquoi je m'étais réveillé. Un insecte s'était introduit dans mon oreille et battait des ailes, probablement pris de panique. J'ai allumé ma lampe de poche et l'ai dirigée vers mon oreille. Finalement, l'insecte fit la chose la plus spirituelle qui soit, il s'échappa vers la lumière. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait, et je savais quoi faire. J'espère qu'aucun d'entre vous qui lisez ces lignes n'a jamais eu à vivre l'expérience d'une petite créature en proie à une crise de panique dans votre tête. Cependant, en tant que méditant, cela peut avoir un côté bénéfique. La tête est le siège physique de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et, apparemment, de l'activité mentale. Notre sens du 'moi' est fortement lié à la ...

Les manifestations de respect

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Dans ma tradition, les moines manifestent leur respect pour leurs aînés en s’inclinant lorsqu'ils entrent ou quittent leur présence, en joignant les mains en anjali lorsqu'ils leur adressent la parole, en ne se tenant pas debout devant eux lorsque ces derniers sont assis, en marchant un demi-pas derrière eux lorsqu'ils marchent ensemble, etc. Il existe de nombreuses règles. Elles deviennent vite une seconde nature. En suivant ces conventions, un moine montre avant tout son respect envers le Vinaya. Les sentiments que le moine junior peut éprouver pour le moine aîné n'ont aucune importance. Il est généralement, mais pas toujours, préférable (sans que cela soit indispensable) que les moines aînés inspirent le respect sur le plan personnel. Si c’est le cas, leur rendre hommage peut être une expérience joyeuse. Mais considérer comme hypocrite le fait de rendre hommage à quelqu'un que l'on ne respecte pas vraiment sur le plan personnel reviendrait à se méprendre com...

Le respect

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Parmi tous les états mentaux qui contribuent à un esprit heureux et sain, il en est un qui est souvent négligé : le respect. Pourtant, avoir dans sa vie quelqu’un ou quelque chose qui inspire en soi un sentiment de respect est une grande bénédiction. Pour apprécier pleinement le respect, il est nécessaire de prendre le temps d’observer ce qu'il fait naître dans le cœur. Je m'y suis appliqué, et pour moi, c’est un sentiment d'une grande beauté. Je le chéris, et j’éprouve une profonde gratitude envers les personnes dont la manière de vivre l'éveille en moi. Une vie dépourvue de respect est une vie appauvrie et égocentrique. Une vie habitée par le respect est riche et ouverte. Lorsque nait un respect croissant pour le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, ainsi qu’une joie à exprimer ce respect par le corps, la parole et l’esprit, alors on est véritablement engagé sur le chemin de l'éveil. Ajahn Jayasaro 13/05/25

Kilesas

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Il est surprenant de constater que le mot « kilesa », généralement traduit par « souillure » et qui désigne les états mentaux qui souillent, corrompent ou polluent l'esprit, est rarement utilisé par le Bouddha. Kilesa est un terme général privilégié par les commentaires. Le Bouddha, quant à lui, préférait regrouper les états mentaux polluants selon leur fonction spécifique. Par exemple, il expliquait la réalisation des quatre niveaux d'éveil en termes d'abandon progressif des dix samyojanas (entraves). Le commentaire propose également sa propre méthode pour classifier les kilesas. L'une est basée sur le niveau de manifestation. Le premier niveau de souillures comprend celles qui sont si grossières qu'elles se manifestent dans les actions et la parole. Au deuxième niveau se trouvent les souillures qui assaillent l'esprit, mais ne se révèlent pas dans les actions et la parole. Le niveau le plus subtil de souillures comprend celles qui sont latentes dans l'espr...

L’insouciance

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C'était l'été 1976. J'avais dix-huit ans et je travaillais comme brancardier pour une société d'ambulances privée à Téhéran. À l'arrière de notre véhicule se trouvaient deux cadavres dans des cercueils qui n'étaient pas sécurisés. Mon ami Mahmood, le patron de la société et le conducteur, finit notre joint et enclencha la sirène. Nous nous lançâmes alors dans une course effrénée hors de la ville, faisant du slalom entre les longues files de voitures, montant et descendant les trottoirs, tandis que les cercueils glissaient d'avant en arrière sur le plancher du véhicule. Nous riions tous les deux aux larmes. Nous étions tous deux, chacun à notre manière, de jeunes hommes malheureux. Maintenant, en repensant à cette escapade et à d'autres, je me souviens clairement du désir envahissant de faire des choses non pas en dépit de leur caractère répréhensible, mais précisément parce qu'elles l'étaient. Non pas en dépit de leur stupidité, mais parce qu...

La méditation en marchant

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Quand, dans sa jeunesse, Ajahn Chah pratiquait la méditation en marchant, il aimait marcher rapidement. Lorsqu’on lui en demandait la raison, il répondait : « Quand je marche vite, les souillures ne peuvent pas me rattraper. » Dans de nombreuses traditions de méditation, on enseigne à marcher lentement. Ici, l'esprit repousse les souillures en portant une attention minutieuse à la posture de la marche. Personnellement, j'ai toujours préféré un rythme similaire à celui de la marche normale, car je trouve que ça facilite l’intégration de la conscience de la méditation en marchant dans la vie quotidienne. La décision de marcher vite ou lentement peut dépendre de l'espace disponible. La marche rapide nécessite un long chemin, environ trente pas ; les changements de direction trop fréquents distraient l'esprit. Pour les méditants qui marchent dans une pièce ou un petit jardin, la marche lente est plus pratique. Lorsque les méditants se sentent somnolents, marcher à reculons ...

Vibhāva Tanhā

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  Quand la vie devient difficile, notre première réaction est de ne pas aimer ce qui se passe. Même dans des pays chauds comme la Thaïlande, des pensées s'enchaînent et font boule de neige. Des pensées telles que  : « Ce n'est vraiment pas le bon moment », « Pourquoi moi ? », « Pourquoi toujours moi ? », « Ce n'est pas juste », « Je n'en peux plus », « Je veux juste que tout cela disparaisse et que les choses redeviennent comme avant ». Et ainsi de suite. Si la boule de neige va dans le sens de « Je suis un nul, bon à rien », la situation devient rapidement très toxique. Vibhava tanhā, l'envie de ne pas être, de ne pas avoir, de ne pas devoir ressentir certaines choses, ne nous aide jamais à faire face aux expériences désagréables. Au contraire, cela rend les choses plus douloureuses, les fait durer plus longtemps et laisse des traces plus profondes. Sous son influence, nous pouvons agir et parler de manière imprudente, avec des conséquences à long terme. La patienc...

Qu’est-ce qui est vraiment important dans la vie ?

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  Le mérite (puñña) consiste en des actes du corps, de la parole et de l’esprit motivés par des états d'esprit sains. Dans le Maha Maṅgala Sutta, le Bouddha enseigne que c'est une bénédiction d'avoir acquis du mérite dans le passé. En d'autres termes, notre bien-être actuel est influencé par les bonnes actions que nous avons accomplies dans cette vie et dans nos vies antérieures. Afin de créer des bénédictions pour nous-mêmes dans le reste de notre vie présente et dans nos vies futures, les commentaires donnent une liste de dix actions méritoires :  1.⁠ ⁠Donner.  2.⁠ ⁠Avoir une conduite morale  3.⁠ ⁠Méditer  4.⁠ ⁠Respecter les personnes saintes et les aînés  5.⁠ ⁠Servir les autres  6.⁠ ⁠Partager le mérite  7.⁠ ⁠Se réjouir du mérite des autres.  8.⁠ ⁠Écouter le Dhamma  9.⁠ ⁠Enseigner le Dhamma 10.⁠ ⁠Rectifier ses vues Le dernier point est essentiel. Voici quelques réflexions pour vous aider à rectifier vos vues : Qu’est-ce qui est vraiment important dans la vie ? Qu’est-...

La Modération

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La pratique est progressive. Seul celui qui a maîtrisé ce qui est ordinaire peut vivre ce qui est profond dans toute sa profondeur. Il n’est pas seulement question de ce que l’on connait, mais également de la manière dont on mène sa vie pour développer la maturité nécessaire pour digérer la vérité profonde du Dhamma. Le Bouddha et le roi Pasenadi de Kosala avaient le même âge. Pendant des décennies, le Buddha avait partagé avec lui un large éventail d'enseignements. Un jour, le roi Pasenadi devenu obèse, s'approcha du Bouddha en haletant et en soufflant lourdement après avoir beaucoup trop mangé.  Voyant son état, le Bouddha récita ce verset : « Lorsqu'un homme est toujours attentif, Et fait preuve de modération quand il mange, Alors ses maux diminuent, Il vieillit lentement en prenant soin de sa vie. » SN 3.13 Le roi Pasenadi ordonna immédiatement à Sudassana, un jeune membre de son entourage, d'apprendre le verset par cœur et, à partir de ce jour, de le lui réciter pe...

Le bouclier de la pleine conscience

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  Un homme avide et un homme envieux se présentent devant l’Empereur pour recevoir une récompense pour services rendus. L’Empereur leur propose d’exaucer à chacun un souhait, mais en précisant que l’autre recevra le double de ce que le premier aura demandé. Par exemple, si M. Avidité demande mille lingots d’or, il les obtiendra, mais M. Envie, lui, en recevra deux mille. Aucun des deux ne veut se prononcer en premier. M. Envie ne peut supporter l’idée que M. Avidité reçoive deux fois plus que lui, et M. Avidité, de son côté, ne peut tolérer de ne pas obtenir la totalité de ce qu'il y a. Finalement, M. Envie se laisse convaincre. Il demande à l’Empereur de lui arracher un œil. M. Avidité et M. Envie sont des hommes intelligents. Mais l’Empereur sait que les hommes intelligents sont aisément manipulables… pour peu que l’on sache activer les bons ressorts. Il tenta un jour le même stratagème avec deux hommes d’affaires bouddhistes. Ce fut peine perdue. Ceux-ci se réjouirent simplement...

La peur de la mort

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On estime qu'environ 110 milliards de personnes sont mortes sur cette planète. Près de 8 milliards d'autres sont dans la salle d'attente. La mort est inévitable. Elle viendra pour moi et pour vous. Elle viendra pour tous ceux que nous connaissons sans exception. Elle viendra pour ceux que nous aimons et que nous apprécions. Elle viendra aussi pour ceux que nous haïssons ou que nous n'aimons pas et pour tous ceux qui nous sont indifférents. La mort est certaine, mais le moment où nous mourrons reste incertain. Nous reste-t-il des années, des mois, des jours, des heures, des minutes ou des secondes ? Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude. Comment mourrons-nous ? Rapidement ou lentement, douloureusement ou non, seul ou avec d’autres ? Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude. Où mourrons-nous ? À l'hôpital, à la maison, sur la route, en montagne, dans une ville ou une forêt ? Nous ne le savons pas. Réfléchir à ces vérités sans sagesse peut conduire à la dépr...

Utilisez votre temps judicieusement

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  Le Bouddha a parlé de deux causes immédiates à l'émergence du Chemin Octuple : des conditions extérieures propices et une attention judicieuse. Les conditions extérieures favorables, en particulier les kalyāṇamittas ou bons amis, sont des causes nécessaires mais insuffisantes. Un jour, Ajahn Chah fit remarquer que, si vivre dans une forêt paisible au milieu du Sangha était suffisant, tous les écureuils seraient éveillés. Une autre fois, après le repas quotidien, il rappela aux moines que les huttes isolées dans lesquelles ils vivaient constituaient un excellent environnement pour méditer, mais aussi un lieu idéal pour une sieste paisible. “Utilisez votre temps judicieusement" était son refrain constant. Ce à quoi vous choisissez de porter attention et la manière dont vous y portez attention sont les meilleurs indicateurs de vos véritables valeurs et attentes. Ce à quoi vous choisissez de porter attention et la manière dont vous y portez attention sont ce qui crée votre réali...

Nociception

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  Hier, j'ai appris un nouveau mot : nociception. Il s'agit du processus neuronal d'encodage et de traitement de stimuli thermiques, mécaniques ou chimiques qui endommagent ou menacent d'endommager des tissus normaux. La nociception est ce qui nous permet de détecter et d'éviter les phénomènes susceptibles d'endommager les tissus. La nociception n'est pas la douleur. Cette distinction est aujourd'hui généralement acceptée (voir la définition de la douleur de l'IASP). L'expérience de la douleur n'est pas uniquement le résultat d'une pathologie. Elle est également conditionnée par des éléments émotionnels, cognitifs, sociaux et culturels. Les émotions négatives telles que l'anxiété, la dépression, la peur et la frustration amplifient la sensation subjective de douleur. Elles peuvent également provoquer des changements physiologiques, par exemple en libérant de l'adrénaline et du cortisol qui aggravent l'inconfort physique. Une b...

Louanges et critiques

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Je me souviens qu’Ajahn Chah louait souvent un moine en particulier. Cela me mettait mal à l'aise : "Comment Luang Por ne remarque-t-il pas ses défauts, alors que je les vois si clairement ?" En même temps, un moine que j'admirais était parfois traité assez brusquement par Ajahn Chah. Un moine aîné m'expliqua qu'Ajahn Chah considérait les éloges et les critiques comme des remèdes. Il louait ceux qui progressaient grâce aux éloges et critiquait ceux que les critiques faisaient avancer. Si on peut assimiler les éloges à un traitement, ils sont plutôt comme des rayons. La radiothérapie, si elle n'est pas ciblée avec précision, détruit les cellules saines en même temps que les cellules malignes. (Exemples : "Tu es si intelligente", "Tu es si beau"). Les meilleures louanges sont souvent des observations qui affirment des valeurs partagées : “Tu as gardé ton calme alors que tout le monde paniquait”. “Tes arguments étaient clairs, bien structu...

L' expérience des sens sur Mars

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  En tant que pratiquants bouddhistes, nous observons la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, la pensée, le ressenti et la perception en temps réel. Lorsque nous le faisons systématiquement, des changements se produisent. Certaines idées que nous avons sur nous-mêmes et le monde commencent à s'estomper, tandis que d'autres se renforcent. La Vue Juste remplace la Vue Erronée. La plupart d’entre nous n’iront jamais sur Mars. Nous n’irons peut-être nulle part de beaucoup plus excitant que l’endroit où nous vivons actuellement. Qu'à cela ne tienne. Réfléchissez : quelle serait exactement l'expérience d'un voyage sur Mars ? Nous verrions des choses, nous entendrions des choses, nous sentirions des choses, nous goûterions des choses, nous toucherions des choses, nous penserions, nous ressentirions des émotions, nous percevrions des objets de perception. Quoi que vous fassiez, où que vous alliez — Mars ou Alpha du Centaure — il n'y a pas plus que ça. Vou...

Le trou noir de l'ignorance

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  La plupart du temps, la Terre semble solide et stable. En réalité, elle tourne sur elle-même à plus de 1500 kilomètres par heure, en même temps qu’elle orbite autour du soleil à 100 000 kilomètres par heure. Pendant ce temps, notre système solaire orbite autour du centre de la Voie Lactée à environ 800 000 kilomètres par heure. La Voie lactée elle-même se déplace dans l'espace par rapport aux autres galaxies à une vitesse approximative de deux millions de kilomètres par heure. Ici, sur Terre, il y a un tremblement de terre approximativement toutes les vingt-cinq minutes. Cependant, la plupart d’entre eux étant inférieurs à 3,0 sur l'échelle de Richter, nous en sommes rarement conscients. Nous disposons d'énormes quantités d'informations au bout des doigts. L'information peut être comparée à toutes les feuilles de la forêt. Nous n'en avons besoin que d'une poignée. Choisissez les informations qui vous aideront à progresser sur le chemin de la libération et ...

Les résultats du kamma ne peuvent être déterminés

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Le Bouddha a enseigné qu'il y a quatre sujets qui ne peuvent pas être compris intellectuellement. Trop y penser, disait-il, n'apporte que folie et contrariété. Ces questions sont les suivantes : Le domaine des bouddhas, Le domaine de celui en état de jhāna, Les résultats du kamma, Les conjectures sur le monde (son origine, etc.) (AN 4.77). En ce qui concerne la troisième de ces quatre questions, les résultats des actions volitives ne peuvent être déterminés, car certains sont des expériences de la vie suivante et d'autres des vies futures. De même, il n'y a aucun moyen de savoir dans quelle mesure notre expérience actuelle est influencée par le kamma créé dans le passé. Nous sommes tout simplement incapables de rassembler toutes les données dont nous aurions besoin pour vérifier la loi du kamma dans toute sa complexité. Il existe cependant des schémas de cause et d’effet que nous pouvons discerner dans notre vie quotidienne. Par exemple, la première fois que nous faison...

Anattā dans la vie quotidienne

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Les visages sont très importants pour nous. Les bébés sont capables de les reconnaître dès leurs premiers mois. Nous nous identifions davantage à un visage qu'à toute autre partie du corps et nous tirons de nombreuses conclusions sur la base des visages. L'« effet de halo » signifie que les personnes ayant un visage attrayant sont généralement perçues comme ayant d'autres qualités positives, telles que la compétence, l'intelligence et l'honnêteté. Cela peut les amener à bénéficier d'un traitement préférentiel dans de nombreuses situations. Les personnes ayant un visage peu attrayant sont souvent jugées injustement comme étant peu dignes de confiance. Voici une pratique de méditation sur le visage : exprimez une émotion sur votre visage. Commencez par quelque chose d’extrême, comme l’indignation. (Comment osez-vous ?!) Les yeux fermés, tracez la configuration des muscles impliqués, la chaleur du sang qui irrigue le visage, etc. En étant pleinement conscient des c...

Chien qui aboie ne mords pas ?

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Un homme et son ami se rendent pour la première fois chez une connaissance. Alors qu'ils s'approchent de la porte d’entrée, un gros chien sort de derrière la maison en aboyant furieusement. Voyant que son ami est effrayé, l'homme lui dit : « Ne t'inquiète pas, les chiens qui aboient ne mordent pas. » Son ami, un méditant, lui répond : « Je le sais, tu le sais, mais le chien le sait-il ? » Être à deux est dangereux. La plupart des gens apprennent rarement de nouvelles choses d'un vieil ami ou changent d'avis à cause de quelque chose qu'il leur a dit. Le plus souvent, ils tombent dans un schéma d'habitudes partagées. Formant leur bulle à deux, ils renforcent et amplifient les suppositions, les croyances et les préjugés l'un de l'autre. L'accord entre eux fait que leurs pensées leur paraissent universellement légitimes.  Dans la méditation, nous émergeons pour un temps de toutes les bulles que nous avons créées autour de nous, les bonnes comme l...

Le triple joyau ne peut être volé

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  Il était une fois un homme riche qui possédait un gros diamant qu'il aimait énormément. Souvent, il demandait à ses domestiques de placer le diamant sur un socle dans le jardin derrière sa maison, afin qu'il puisse s'asseoir sur sa terrasse et le regarder scintiller à la lumière du matin. C'était pour lui ce qui s’approchait le plus de la paix intérieure. Un jour, l'impensable se produisit. Alors qu'il savourait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel émises par le diamant sous les premiers rayons du soleil, l'éclat commença à s'estomper, puis disparut. L'homme riche se leva de sa chaise et se précipita vers son précieux diamant, mais le joyau avait disparu, comme s’il s’était évaporé dans les airs. En réalité, le diamant n'avait jamais été là. Afin de pouvoir le voler sans éveiller de soupçons, les domestiques de l'homme riche avaient placé sur le socle un bloc de glace sculpté. Riche ou pauvre, nous avons tous des diamants précieux. La p...

L’ignorance n’est pas le bonheur

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Il existe un vieux dicton en Grande-Bretagne qui dit que « l'ignorance, c’est le bonheur ». Ce proverbe provient d'un poème du XVIIIe siècle, dans lequel le poète Thomas Gray suggère qu'il vaut mieux ignorer la vérité quand, dans certains domaines, elle peut être douloureuse.   Dans le bouddhisme, il est toujours préférable de savoir. Le Bouddha affirma : « Je déclare la fin de la souillure pour celui qui sait, pas pour celui qui ne sait pas ». Pour celui qui ne connaît pas la vérité, l’ignorance est un vide. La nature le remplit de fausses connaissances et de désir qui se manifestent sous la forme de dukkha, la souffrance. Il est possible que, si vous êtes attaché à des rails, comme dans un vieux film muet, il soit plus facile de fermer les yeux plutôt que de regarder le train à vapeur qui approche. Cependant, il vaudrait mieux trouver un moyen de défaire les nœuds et de sauter de côté à temps. C'est le point essentiel : lorsqu’il y a un manque de compréhension, la sou...

Frustration à l’égard de la pratique

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Il peut sembler parfois que la réalisation du Dhamma était plutôt facile et simple à l’époque du Bouddha. Mais les textes révèlent à quel point c'était difficile pour la plupart des gens, même à cette époque. La bhikkhuni Siha en fournit un exemple extrême. Après sept ans, elle atteignit un tel état de désespoir à l'égard de sa pratique qu'elle décida de se pendre. Heureusement, les préparatifs qu'elle avait faits pour mettre fin à ses jours lui permirent de prendre conscience de l'impermanence, de dukkha et du non-soi, si profondément qu'elle devint une arahant avant de pouvoir mettre son projet à exécution. Dans le Therigatha, une autre bhikkhuni arahant, Sama, partage ses frustrations et leur résolution finale : Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis que je suis devenue nonne, sans la moindre sérénité. Aucune maîtrise de l'esprit, aucune paix intérieure. Cependant, en me remémorant les enseignements du Bouddha, un profond sentiment d’urgence m’a soudain en...

Le vénérable Anuruddha

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Il est dit que le Vénérable Anuruddha, l'un des grands disciples du Bouddha, était, dans une vie antérieure, un esclave du nom d'Annabhara, appartenant au foyer d'un banquier du nom de Sumana.  Un jour, alors qu’il coupait du foin dans les champs, Annabhara aperçut un samana avec son bol à aumônes. Il interrompit immédiatement son travail et se précipita dans la maison. Il revint avec le riz destiné à son propre repas du matin et l’offrit au samana. Le voyant, la fille de Sumana cria son approbation de cet acte de générosité, ce qui alerta son père. Sumana s’approcha d’Annabhara qui était assis à écouter les paroles de sagesse du samana. Il demanda à Annabhara de partager son mérite avec lui. Annabhara hésita. À mon avis, il se disait : « Je suis ton esclave. Mon corps t'appartient. Maintenant, tu veux aussi mon mérite ? Puis-je ne rien avoir pour moi ? »  Il se tourna vers le samana qui évoqua alors une image parmi les plus belles, les plus anciennes et les plus univer...

Nettoyons notre esprit

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  Un jour, le Bouddha compara le fait de regarder son esprit pendant la pratique du Dhamma à la manière dont un jeune homme ou une jeune femme regarde son reflet dans un miroir ou une bassine d'eau. Si ces jeunes voient une saleté quelconque sur leur visage, ils s’empressent de la nettoyer. S'ils constatent que leur visage est propre, ils en tirent une grande satisfaction. De même, un pratiquant observe son esprit pour voir s'il est souvent souillé par des pensées d'avidité, par des pensées de malveillance, par la paresse et la somnolence, par l'agitation, par l'hésitation, par l'irritabilité, la confusion et d'autres qualités corruptrices. S’il constate que ces souillures sont généralement présentes, il doit faire des efforts vigoureux pour les abandonner, avec le même sentiment d’urgence qu’il pourrait ressentir si son turban ou sa tête étaient en feu. Au contraire, si leur esprit est généralement exempt de telles souillures, les pratiquants peuvent se...

Ne rien prendre pour acquis

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Lorsque je suis arrivé à Wat Pa Pong, Ajahn Chah avait l'habitude de passer une semaine dans un petit monastère annexe situé sur les rives de la rivière Moon. En décembre 1980, j'ai été choisi pour être l'un de ses accompagnateurs lors de cette visite annuelle. C'était une période très heureuse pour moi. Un jour, alors que nous marchions ensemble sur le chemin qui longe la rivière, je m’exclamai sur la beauté du monastère et sur la qualité de l'endroit. Ajahn Chah me regarda et me dit : « Oui, c'est très bien, mais il y a juste une chose ici qui n'est pas encore bien ». Je lui demandai alors quelle était cette chose. Il me répondit « toi ». Le lendemain, en arrivant au Dhamma Hall, je trouvai Ajahn Chah et les autres moines en train de monter dans des véhicules, sur le point de retourner à Wat Pa Pong. Je demandai cinq minutes pour récupérer mes affaires dans mon kuti. Ajahn Chah me répondit que ce n'était pas nécessaire, que je ne rentrais pas avec lui....